La « réforme Coderre » dans l'ombre du budget 2015
« La pression sur les arrondissements est intenable pour maintenir l’offre de services », martèle le maire Croteau.
Il dénonce une taxation de plus en plus forte de la part de la Ville-centre.
« L’écart se creuse depuis près de 10 ans. Sur un montant de 100 $ de taxes perçues par Montréal, on recevait 43 $ en 2006. En 2014, on ne reçoit plus que 35 $. C’est inacceptable quand on pense que l’on envoie de plus en plus de revenus et qu’il y a une hausse démographique dans l’arrondissement », soutient M. Croteau.
Rosemont–La Petite-Patrie (RPP) n’est pas le plus mal loti dans cette redistribution. Il va bénéficier d’une augmentation de 3,8 % sur cinq ans, quand son voisin du Plateau va être coupé de plus de 12 % en 10 ans.
Pour autant, ce schéma-là ne satisfait pas le maire.
« C’est la deuxième année consécutive que l’administration Coderre n’indexe pas le budget de l’arrondissement, pour que l’on puisse au moins payer l’indexation des salaires et des contrats. Il s’agit d’une compression budgétaire nette », soutient-il.
L’administration Coderre défend sa réforme
En entrevue avec le Journal de Rosemont–La Petite-Patrie, Pierre Desrochers, le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, a réaffirmé la position de la Ville-centre quant à la réforme du financement des arrondissements.
« Nous ne sommes pas fermés à continuer de travailler avec les arrondissements. Est-ce que la réforme est perfectible? Oui, tout est perfectible. Mais l’administration Coderre a décidé d’aller de l’avant et de ne pas attendre d’avoir un travail parfait », indique M. Desrochers, précisant que les services continuent de peaufiner la réforme. Il croit que ce changement apportera plus d’équité.
« On n’a jamais parlé de centralisation, mais on parle d’avoir plus de cohérence. Les arrondissements doivent sortir de leur carcan », pense-t-il, estimant qu’il pourrait y avoir une mutualisation des services.
« Par exemple, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Verdun, le Sud-Ouest et Ville-Marie se parlent maintenant alors qu’avant, ils faisaient leurs petites affaires chacun de leur côté », indique M. Desrochers.
Pour sa part, le maire de Rosemont–La Petite-Patrie n’y croit pas.
« La mutualisation des services est impossible à faire et cela démontre, encore une fois, à quel point M. Desrochers ne connaît pas la ville de Montréal. Si on prend l’exemple du déneigement, on a déjà un contrat avec un entrepreneur privé sur cinq à sept ans, que l’on ne peut pas briser. Cette réforme est inapplicable et il va y avoir des enjeux majeurs », soutient M. Croteau.
Agir avant le dépôt du budget de Montréal
Les élus de Projet Montréal, menés par le maire du Plateau, Luc Ferrandez, ont accentué leurs déclarations contre la « réforme Coderre ».
« Les démarches vont s’intensifier d’ici le dépôt du budget de la ville », prévient le maire de Rosemont–La Petite-Patrie [NDLR: le budget sera déposé le 26 novembre et adopté le 10 décembre en conseil municipal].
Il est d’ailleurs « convaincu que le conseil de ville votera contre » et a invité les citoyens de Rosemont–La Petite-Patrie « à mettre de la pression sur l’administration » du maire Coderre d’ici là.
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