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Des parents vaccinés qui craignent la vaccination de leurs enfants

Un enfant reçoit une dose de vaccin contre la COVID-19 dans un centre de vaccination de Montréal, accompagné d'un chien.
Photo: Josie Desmarais/Métro

Plus du quart des parents québécois (27%) refuseront que leurs enfants tendent le bras, alors que la campagne de vaccination contre la COVID-19 des 5 à 11 ans bat son plein au Québec. Selon les données de l’INSPQ, 10% des parents qui ont eux-mêmes été inoculés conservent des craintes devant la vaccination des enfants. Pourquoi? Métro est allé à la rencontre de ces parents vaccinés qui hésitent.

Le cas de Sophie, qui a préféré utiliser seulement son prénom, illustre bien les choix de nombreux parents québécois. La Montréalaise a bel et bien reçu ses deux doses de vaccin. Mais lorsqu’il est question de son enfant de neuf ans, elle préfère attendre. «Je ne vois pas la nécessité pour l’instant. Je préfère attendre de voir les données d’un grand nombre d’enfants vaccinés avant de me décider. Je ne vois pas le rush avec les enfants alors que la population adulte est majoritairement vaccinée», indique-t-elle.

L’écho est similaire dans la famille de Geneviève Brasseur, une résidente de la Rive-Nord. Les parents de trois enfants ont reçu le vaccin, de peur d’être tous deux atteints du virus. «On ne voulait pas se ramasser tous les deux à l’hôpital, loin de nos enfants, à cause de complications de la COVID-19», se remémore-t-elle.

Mais pour ses enfants de neuf et six ans, sa perception du risque diffère. Elle craint que les effets secondaires de la vaccination ne dépassent les bénéfices pour ses enfants. Elle conclut que ces effets seraient plus graves pour ses enfants que les effets qu’ils auraient s’ils contractaient le virus, après avoir visionné des capsules de la page Réinfo Covid.

Réaction normale, disent les experts

L’inquiétude des parents à l’égard des vaccins n’étonne pas la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier. À ses yeux, il s’agit d’une question de culpabilité parentale. «Quand il est question de nous, on pense à l’impact de la vaccination sur la société, analyse la professeure associée de l’UQAM. Mais avec nos enfants, c’est différent, parce que s’il devait leur arriver quelque chose, c’est nous qui aurions pris la décision de les vacciner.»

Lors des premières vagues, il a été répété que les enfants étaient moins à risque face à la COVID-19. Cet énoncé est demeuré gravé dans l’esprit des parents, au point de minimiser le risque, estime la Dre Beaulieu-Pelletier. «La pire souffrance qu’un être humain peut vivre, c’est la perte ou la détresse de son propre enfant. Ce n’est pas de l’égoïsme, mais une angoisse très profonde», dit-elle.

Cette peur se dissipera avec le temps, estime-t-elle. D’où l’importance pour l’État de miser sur la sensibilisation à l’importance des vaccins plutôt que de mettre de la pression sur les parents.

Par ailleurs, les parents doivent éviter d’imposer de la pression à leurs enfants, si ceux-ci ont des craintes devant la vaccination. «Il faut prendre le temps de répondre aux questions de l’enfant, y aller à son rythme en lui partageant ce qui a été dit sur les vaccins», considère-t-elle.

Si l’enfant sent qu’on lui impose un traitement, il pourrait devenir réticent à recevoir une prochaine dose de vaccin et même d’autres traitements médicaux.

Petit à petit

Plus les semaines avanceront, plus les parents seront enclins à faire vacciner leurs enfants, prévoit le virologue Benoit Barbeau. «Chaque fois qu’on ajoute une tranche d’âge à la vaccination, il y a un mouvement, un momentum qui se crée. On a senti une certaine hésitation chez les 12 à 17 ans, mais finalement, la couverture vaccinale est élevée dans ce groupe d’âge», remarque-t-il.

Même s’ils possèdent un meilleur système immunitaire, les enfants peuvent également être hospitalisés en raison de la COVID-19, rappelle-t-il. «C’est compréhensible de voir un risque de l’inconnu avec la vaccination. Mais n’empêche, il faut comprendre que les risques pour la santé une fois le virus contracté sont loin d’être nuls. Les jeunes enfants sont ceux qui mènent cette quatrième vague. La COVID-19 se propage beaucoup dans les établissements scolaires.»

En transmettant le virus, les enfants participent à sa propagation, et par la bande, à la création de variants potentiels, rappelle le Dr Barbeau.

Les parents rencontrés par Métro pourraient-ils se laisser convaincre?

«Nous ne sommes pas complètement fermés, mais avec l’information que nous possédons, nous considérons ne pas en connaître assez sur l’impact des vaccins», conclut Geneviève Brasseur.

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