Sommet de l’habitation: une grand-messe sur la crise du logement
L’ensemble des acteurs concernés par le logement se réunissent aujourd’hui à Laval à l’occasion du Sommet de l’habitation. Qu’ils soient issus des différents paliers gouvernementaux, du communautaire, des institutions ou encore du milieu académique, ensemble, ils collaboreront toute la journée pour discuter du logement et trouver des solutions pour assurer son abordabilité.
Près de 300 personnes sont attendues, dont les maires des dix plus grandes villes québécoises ainsi que les présidents de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et de la Fédération québécoise des municipalités (FQM).
La crise d’habitation est un bateau qui coule à cause d’un million de fuites dans la coque puis si on se laisse hypnotiser par une fuite en particulier puis on la bouche et on est fier de nous, le bateau ne coule pas moins.
Adam Mongrain, directeur de l’habitation de Vivre en ville
Crise de l’abordabilité
Une des visées du Sommet de l’habitation est de définir ce qu’est réellement la «crise de l’abordabilité» et de comprendre son ampleur.
«J’aimerais qu’on se mette à parler de crise de l’habitation plus que de crise de l’abordabilité, car la crise en abordabilité n’est qu’un des symptômes», explique le directeur de l’habitation de Vivre en ville, Adam Mongrain. «La crise [du logement] a des impacts délétères aux niveaux social, économique, environnemental et politique».
Différents outils sont déjà utilisés par les villes, tels que le droit de préemption ou la réserve foncière. Mais des innovations sociales pourraient venir s’y ajouter. C’est le cas de la fiducie d’utilité sociale (FUS) que la directrice générale de l’organisme Territoires innovants en économie sociale et solidaire, France Émond, présentera lors d’un panel sur le levier foncier.
Cet outil, déjà utilisé pour protéger des parcelles de forêt, pourrait se révéler utile pour le développement de logements abordables. La FUS consiste à retirer des terrains de grande ampleur du marché privé et à leur donner comme unique vocation la construction de logements sociaux et abordables. Selon Mme Émond, le recours à une FUS pour l’écoquartier sur le site Louvain Est ferait l’objet de discussions avec la Ville.
Revoir la réglementation
Pour le président-directeur général de l’Institut de développement urbain du Québec (IDU), Jean-Marc Fournier, un «nouveau départ» en habitation est nécessaire sur le plan de la réglementation municipale. Selon M. Fournier, ce nouveau départ nécessite un «nouveau contrat» entre Québec et les municipalités. Un programme de transfert municipal devrait, selon lui, être adopté dans le prochain budget du gouvernement. Il permettrait de réduire le «déséquilibre financier et fiscal» entre Québec et les villes.
«Les villes, en contrepartie, doivent accepter de saisir toutes les occasions de maximiser le nombre d’unités de logement produites selon une planification urbaine qui réduit les besoins en déplacement, dit-il. Il s’agit de répondre à la question de l’habitation dans un contexte climatique.»
Si les villes doivent faire beaucoup de choses, elles seront dépendantes en termes d’habitation inclusive (logement social et abordable) d’un financement national.
Jean-Marc Fournier, président-directeur général de l’Institut de développement urbain du Québec (IDU)
Comprendre les besoins des plus petites municipalités
Pour le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers, il est important de comprendre les réalités que vivent les plus petites municipalités en matière de logement. «Depuis des années, les gouvernements se succèdent, puis jamais ne réussissent à tenir leurs promesses en logements sociaux et abordables. On démontre que l’approche des programmes nationaux ne fonctionne pas», dit-il.
Selon lui, les régions ont besoin de plus de flexibilité. Cela passerait par une décentralisation des décisions issues du système provincial, devenu «trop lourd». Elle permettrait ainsi aux municipalités régionales de comté (MRC) d’agir en pleine conscience des besoins qui leur sont spécifiques.
M. Demers s’inquiète de voir ces entreprises bouder les régions. Une des causes de ce phénomène serait le manque de logements pouvant accueillir leurs employés.
Le Sommet de l’habitation a cours jusqu’à 17h aujourd’hui au Centre de congrès Sheraton de Laval.