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C’est vendredi 13! Alors, pourquoi ce serait une journée malchanceuse?

Photo: iStock

Avez-vous peur de l’horrible combinaison que représente le vendredi 13? Si oui, vous êtes paraskevidékatriaphobe. Oui, oui: paraskevidékatriaphobe. Chez nos voisins du sud, ce sont près d’une personne sur trente qui partage cette phobie, selon une étude récente. Mais d’où vient cette peur dont l’objet peut sembler assez arbitraire?

Si l’origine du mythe voulant que le vendredi 13 soit synonyme de malheur n’est pas assurée, plusieurs théories sont souvent avancées pour l’expliquer. D’abord, l’explication liée au mythe chrétien veut que Jésus, qui a été crucifié un vendredi,  ait consommé son dernier repas avec ses douze apôtres, totalisant un total de treize convives. Judas, celui qui était de trop, représente le treizième convive. L’association du vendredi et du nombre treize serait née.

Une autre origine potentielle, qui insiste davantage sur l’horrible du treize que sur l’horrible du vendredi, serait davantage ancienne. À l’Antiquité, la mythologie gréco-romaine caractérisée par le système mathématique duodécimal, un système où le nombre de base est douze, le treize symbolisait la rupture de la perfection que le douze représentait. S’il peut paraitre invraisemblable que la mauvaise perception du treize ait traversé autant d’époques, rappelons que nous mesurons toujours le temps par douze mois, douze lunes, douze heures de jour et douze heures de nuit.

Origine moderne

Ceci étant dit, pourquoi la superstition du vendredi 13 est devenue aussi populaire? Il y a là moins, d’hypothèses, mais par la documentation, on sait que la mauvaise aura de cette journée date au moins du 19e siècle. Par exemple, dans la pièce de théâtre Les Finesses des Gribouilles parue en France en 1834, un personnage mentionne «Je suis né le vendredi 13 décembre 1813. D’où  l’origine de tous mes malheurs».

Ensuite, en 1907, T.W. Lawson publie une nouvelle nommée Friday the thriteenth où un personnage utilise la peur de la journée maudite pour engendrer du chaos à Wall Street.

Comble de malchances

Certains adhérants au mythe folklorique de la peur du vendredi treize listent plusieurs événements contemporains horribles qui se sont déroulés lors de vendredi treize pour démontrer un lien de causalité entre la journée et la malchance qui y est associée. Le vendredi 13 octobre 1972, un vol s’écrase dans les Andes, le vendredi 13 septembre 1996, le rappeur Tupac est assassiné et le vendredi 13 novembre 2015, une série d’attentats surviennent à Paris, pour ne citer que ces exemples. La récurrence étrangement élevée de ces tristes événements avec le vendredi 13 démontre-t-elle un lien?

Selon le livre Coincidences remarkable or random? du mathématicien Bruce Martin, non. Celui-ci nous démontre mathématiquement que par la complexité de n’importe quel sujet, on peut facilement tirer une liste quasi infinie de similitudes ou de récurrence entre deux ou plusieurs sujets en fouillant un peu. L’effet se noie toutefois lorsque l’on mesure la quantité de similitudes à la quantité de différences, habituellement excessivement plus élevée.

En comparant la quantité d’événements négatifs survenus à d’autres journées à la quantité de tels événements survenus lors de vendredi treize, il sera facile de voir que l’association faite par ceux qui sont animés par la paraskevidékatriaphobie est, au mieux, entièrement arbitraire et au pire, une prophétie autoréalisatrice.

 «La prophétie autoréalisatrice est une définition d’abord fausse d’une situation, mais cette définition erronée suscite un nouveau comportement, qui la rend vraie», écrivait le sociologue R.K. Merton.

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