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Une première carte interactive des interpellations policières à Montréal

Carolyn Côté-Lussier, professeure en études urbaines à l’INRS, chercheuse au Centre international de criminologie comparée. Photo: Phil Bernard

Montréal dispose à partir d’aujourd’hui de sa première carte interactive des interpellations policières.

La carte accessible sur STOPMTL.ca s’appuie sur les contributions de citoyens qui souhaitent rapporter leurs expériences d’interpellation. Son objectif est de dresser un portrait précis des interpellations policières dans la métropole en intégrant le point de vue du citoyen.

«On veut dresser un portrait plus détaillé des relations entre la police et la population, car c’est un enjeu social d’importance.»

Carolyn Côté-Lussier, professeure en études urbaines à l’INRS, chercheuse au Centre international de criminologie comparée.

Concrètement, chaque personne âgée de 15 ans et plus peut rapporter une expérience d’interpellation policière qui a eu lieu le jour même, ou des mois plus tôt, voire 20 ans plus tôt.

Chaque usager pourra indiquer comment et où s’est passée l’interpellation, décrire le contexte, préciser dans le formulaire son âge, son genre, son groupe ethnique ainsi que le moyen de transport utilisé au moment de l’interpellation. Chaque contribution de citoyen est anonyme et les données récoltées sont en libre accès et téléchargeables.

La directrice de recherche principale, Carolyn Lussier-Côté, souligne que l’objectif du projet n’est pas de «dénoncer les interpellations, mais de rassembler des expériences d’interpellations de citoyens, qu’elles soient positives ou négatives.»

Ce projet de cartographie est né d’un travail de recherche multidisciplinaire entre l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), l’Université McGill, l’Université Concordia et le College London University.

Combler des lacunes en matière de données

Mme Coté-Lussier explique que ce projet de recherche vise non pas à cartographier le crime, mais à combler un besoin grandissant de données en matière d’interpellations, de la part de toutes les parties prenantes, alors qu’aujourd’hui, le SPVM enregistre actuellement seulement entre 5 à 20% des interpellations policières effectuées.

La plateforme se veut un outil cartographique collaboratif pour éclairer le travail de différents acteurs comme les centres communautaires, le SPVM et les décideurs politiques. De plus, la chercheuse ajoute que les centres communautaires «n’ont pas accès aux données du SPVM et disposent de peu de chiffres, de données probantes pour appuyer leurs revendications.»

À long terme, l’équipe veut produire un rapport sur le projet et sur la validité des données, en comparant par exemple les données compilées à celles de de Statistiques Canada ou d’autres institutions.

 Pour Myrna Lashley, professeure adjointe au département de psychiatrie de l’Université McGill qui a participé au projet, la cartographie des interpellations permettra aux décideurs politiques de «déterminer dans quelles zones géographiques investir les ressources, et ainsi mieux répondre aux besoins de la population.»

Un outil complémentaire aux caméras corporelles?

En 2019, les résultats du rapport indépendant du SPVM sur les pratiques d’interpellations policières révélaient «la présence de biais systémiques ou organisationnels qui se traduisent par des disparités dans la pratique de l’interpellation policière au SPVM.» Ces disparités démontraient un profilage racial et social par le SPVM.

Pour Mme Lussier, la cartographie que présente STOPMTL.ca s’inscrit dans la continuité des recommandations du rapport.

En juin, une interpellation violente a fait resurgir à nouveau l’idée d’équiper les agents du SPVM de caméras corporelles. La plateforme cartographique pourrait agir en complémentarité.

La mairesse de Montréal Valérie Plante expliquait la semaine dernière que «les caméras corporelles ne sont pas le seul outil, mais plutôt un outil parmi d’autres.»

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