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Cinq grands dossiers à surveiller à Montréal en 2020

Valérie Plante budget
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a présenté le budget 2020. Photo: Josie Desmarais/Métro

Transports, habitation, environnement, infrastructures et gouvernance: l’abondance des projets à Montréal est considérable. Alors que l’administration Plante entame la seconde moitié de son mandat, quels sont les dossiers majeurs à surveiller dans la métropole en 2020?

Un Grand parc en pleine construction

Créer le plus grand parc urbain au Canada: c’est l’objectif ambitieux de la Ville avec son projet de Grand parc de l’Ouest, pour lequel 175 hectares ont déjà été acquis jusqu’ici à Sainte-Anne-de-Bellevue, à l’Île-Bizard et à Pierrefonds-Ouest. L’espace vert, qui doit totaliser plus de 3200 hectares et faire huit fois la taille de Central Park, regroupera notamment les parcs-nature de l’Anse-à-l’Orme, du Bois-de-la-Roche et du Cap-Saint-Jacques, entre autres. Environ 1600 hectares seraient déjà protégés par la Ville et ses partenaires, dont l’Université McGill et Conservation de la Nature Canada (CNC).

L’administration Plante fait face à un autre défi dans ce dossier, alors qu’elle se trouve face à des intérêts économiques importants. La création du parc mettra effectivement fin à un projet immobilier jugé «inacceptable», prévu dans une zone inondable.

Trois promoteurs du projet de Cap-Nature ont lancé, fin septembre, une poursuite contre la Ville. Ils lui réclament plus de 170 M$ pour compenser «l’expropriation déguisée» dont ils se disent victimes. Si la Ville signe et persiste, réitérant que le projet immobilier n’ira pas de l’avant, le combat juridique n’en sera pas moins facile si une entente de gré à gré n’intervient pas.

Plus de 13 M$ sont réservés au projet entre 2021 et 2022 dans le dernier budget 2020, surtout pour l’acquisition des terrains nécessaires à son développement. Des consultations citoyennes devront toutefois précéder l’investissement.

Le REM, la prochaine transformation majeure montréalaise

Le chantier du Réseau express métropolitain (REM) sera l’un des piliers de la mobilité de demain dans le Grand Montréal. Si sa construction amène beaucoup de complications pour les usagers du transport collectif, Mobilité Montréal voit les prochains mois comme «un sacrifice» à accepter.

Le sacrifice ne sera pas mince en 2020. Une vingtaine de chantiers auront lieu simultanément dans la métropole, dont l’important chantier de modernisation dans le tunnel du mont Royal. Sa fermeture, reportée en mars, fera en sorte que le train de banlieue Deux-Montagnes n’aura plus accès au centre-ville. Des mesures d’atténuation, dont des navettes par bus jusqu’à des stations de métro, ont été annoncées pour pallier la situation.

Mais les mesures ne sont pas suffisantes, plaident plusieurs usagers, qui ont déposé une demande d’action collective contre le REM au début du mois de décembre. Les mesures proposées allongeront effectivement de jusqu’à 40 minutes le temps de déplacement des 15 000 usagers de cette ligne.

Le tunnelier débutera son forage sur l’antenne menant à l’aéroport de Montréal en 2020, alors qu’un segment «représentatif» du REM sera aussi mis sur circuit en fin d’année sur la Rive-Sud, afin de commencer les premiers «tests d’opération». Estimé à 6,5 G$, le REM comprendra 26 stations. Il devrait entrer en service progressivement dès 2021.

Une crise du logement à régler

Les autorités politiques le reconnaissent désormais: il y a une crise d’accessibilité au logement à Montréal. Le taux d’inoccupation moyen des appartements locatifs aurait atteint 1,4%, en moyenne, dans le Grand Montréal. Il en était à 3,9% il y a trois ans à peine.

Pour s’y attaquer, la Ville aura beaucoup de pain sur la planche cette année, entre autres pour implanter son Règlement pour une métropole mixte d’ici le début 2021. Celui-ci prévoit d’inclure 20% de logements sociaux, jusqu’à 20% de logements abordables et environ 15% de logements familiaux dans les projets immobiliers de plus de cinq unités.

Actuellement, 22 000 ménages seraient en attente d’un logement subventionné auprès de l’Office municipal d’habitation de Montréal. Environ 85 000 ménages montréalais consacrent plus de la moitié de leur revenu pour se loger.

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) appelle Québec à se mobiliser. L’organisme s’inquiète particulièrement de la recrudescence des expulsions de locataires, surtout utilisées par des nouveaux propriétaires pour faire augmenter les prix de leurs acquisitions sur le marché.

Réseau cyclable, BIXI et infrastructures désuètes

BIXI Montréal connaîtra une expansion majeure entre 2020 et 2022, alors qu’une somme de 16,5 M$ sera investie pour ajouter près de 2300 vélos à assistance électrique à son réseau, dont plus de 1000 engins dès l’an prochain.

Montréal a adopté début décembre un «ambitieux» plan pour son réseau cyclable, que la Ville souhaite doubler en quelques années seulement. L’objectif serait de faire passer la longueur des bandes cyclables réservées de 968 km à 1815 km, lit-on dans le Plan vélo 2019. C’est plus de 500 km supplémentaires, par rapport aux objectifs de l’administration Coderre.

Le Réseau express vélo (REV) n’est pas en reste. La Ville réserve plus de 17 M$ à l’avancement de ce vaste circuit de 184 km qui comptera à terme 17 voies cyclables «mieux pensées».

Les dépenses dans la réfection des infrastructures des routes et de l’eau continueront d’augmenter l’an prochain. L’administration Plante entend investir 497 M$ pour remplacer une série de conduites qui arrivent à la fin de leur vie utile. L’exemple du réservoir McTavish, qui est vieux de 87 ans, est probant.

Une dette à contrôler

La gestion de la dette préoccupe de plus en plus à la Ville de Montréal, alors que les dépenses ont gonflé de 8% dans le dernier budget 2020. Elles atteignent plus de 6 G$, contribuant à porter la dette jusqu’à environ 109% des revenus l’an prochain.

Cette situation serait attribuable, entre autres, à l’augmentation des dépenses de la Société de transport de Montréal (STM) dans les dernières années. Le service de la dette brute devrait par ailleurs atteindre 1,013 G$ l’an prochain, ce qui représentera 16,4% du prochain budget.

Afin de limiter cet accroissement, Montréal prévoit notamment une réduction de 4% de la part relative du budget liée à la rémunération des employés. La Ville espère atteindre une dette équivalant à 100% de son budget en 2027.

Inquiète de la situation, l’opposition officielle somme la Ville de Montréal de déposer, d’ici la fin mars 2020, un plan de redressement pour s’attaquer à sa dette croissante.

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