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The Cat Empire: bêtes de scène

Photo: MICHELLE GRACE HUNDER
Marie-Lise Rousseau - Métro

«On n’apprivoise pas les chats sauvages», chante Marjo. La musique du groupe The Cat Empire, elle, joyeux et singulier amalgame de jazz et de ska aux influences variées, se laisse facilement apprivoiser.

Chaque concert de Cat Empire est une fête. Percussions énergiques, cuivres endiablés, piano dansant, refrains rassembleurs… Depuis plus de 15 ans, la troupe australienne a séduit une base d’irréductibles admirateurs à Montréal, qui ne manqueraient pour rien au monde son passage dans la métropole.

Au bout du fil, la communication est difficile avec le leader et co-fondateur de la formation. C’est que Melbourne est particulièrement venteuse en ce matin de février, et Felix Riebl se trouve sous un viaduc près d’une autoroute. «Si tu voyais où je suis en ce moment! J’ai les mains gelées… Mais j’imagine que c’est moins pire qu’à Montréal», dit-il, nous questionnant au passage sur les conditions météo de notre côté de la planète. Oui, il y a fort à parier que le climat de Melbourne soit plus clément que notre hiver montréalais!

Parlant de Montréal, comment se fait-il que le groupe y connaisse un si grand succès? «Je ne sais pas comment l’expliquer, mais ça fait tellement plaisir! Il y a très peu d’endroits dans le monde où on retrouve cette intensité. La première fois que nous sommes allés à Mont­réal, nous n’avions pas vraiment de succès – nous n’avons jamais été un groupe qui fait des hits qui jouent à la radio –, mais déjà, le public connaissait les paroles de nos chansons les plus obscures!» s’étonne-t-il encore.

The Cat Empire a développé un lien fort avec la ville, qu’il affectionne particulièrement pour son esprit festif. Eux aussi le sont, festifs, surtout sur scène. The Cat Empire offre les performances parmi les plus énergiques et entraînantes qu’il nous ait été donné de voir.

«On a voulu se challenger musicalement avec cet album. Il y a des passages instrumentaux parmi les plus intenses que nous ayons jamais joués.» -Felix Riebl, à propos de Stolen Diamonds

Mais il ne faudrait pas réduire le son du groupe à de la musique de party, comme plusieurs le font. «Je déteste cette description! lance Felix Riebl avec éclat. Ça ne veut pas dire que je ne veux pas que le public passe un bon moment à nos spectacles, mais selon moi, l’expression “musique de party” se résume au fait de passer du bon temps, alors que la musique nous fait vivre des expériences beaucoup plus complexes.»

Le style de Cat Empire est également régulièrement décrit comme de la musique «fusion», un terme habituellement associé à la restauration. N’est-ce pas là encore  un peu simpliste? «Oui, je déteste aussi cette description!» répond le chanteur en riant de bon cœur.

«Il y a une tendance de nos jours à trop vouloir catégoriser les groupes, et je sais qu’il faut le faire dans la mesure du possible, mais selon moi, c’est propre à chaque personne qui fait l’expérience de notre musique. Moi-même, même après toutes ces années, je ne sais toujours pas comment décrire notre style!»

On peut au moins dire que la griffe sonore de Cat Empire est le résultat d’un heureux et éclectique mélange des genres. Les six membres du groupe écoutent de la musique de tous les styles et dans toutes les langues, et ces influences se retrouvent sur Stolen Diamonds, leur plus récent album, dont certains morceaux s’inspirent du jazz cubain et d’autres davantage du ska, du rock ou du funk.

Il y a même un titre en français sur ce huitième opus du groupe, l’accrocheuse La Sirène, chantée par leur consœur australienne d’origine française Éloïse Mignon.

«Souvent, des artistes internationaux vont chanter en anglais pour tenter d’élargir leur public, mais la musique est une langue universelle. On aime l’idée d’avoir des chansons en différentes langues, comme le français ou l’espagnol, d’autant plus que beaucoup de nos fans ne sont pas anglophones», dit-il, faisant référence également à la pièce Sola, enregistrée en espagnol avec le musicien Depedro, du groupe Calexico.

Du studio à la scène
On le disait, la musique de l’Empire du chat est à son meilleur sur scène. C’est d’ailleurs avec l’énergie électrisante de ses performances en tête que le groupe compose ses chansons.

«J’oublie toujours le sentiment d’être sur scène. Puis, dès que je m’y retrouve, ça me revient instantanément! C’est vraiment une expérience étrange et nébuleuse, raconte Felix Riebl. C’est drôle, car c’est mon métier depuis longtemps… Donc, c’est seulement quand je rentre à la maison et que je compose dans mon espace, tranquille au piano, que ces souvenirs me reviennent de façon très vive. Dans ce contexte, je peux visualiser la foule et le sentiment qui l’habite quand j’écris de la musique.»

Pour recréer l’ambiance de la scène en studio, les membres du groupe ne répètent pas avant d’enregistrer. Pour cet album, ils ont travaillé pour une troisième fois avec le réalisateur Jan Skubiszewski. «Nous avons voulu faire quelque chose de très coloré et d’over the top», résume celui qui est également parolier et compositeur de la formation.

Sur les 13 titres de Stolen Diamonds, on perçoit aussi le goût de l’aventure des six Australiens, qui se reflète jusque dans les photographies qui illustrent la pochette. Il s’agit de l’ingrédient secret qui fait en sorte que le groupe ne cesse d’innover, selon Felix Riebl. «Stolen Diamonds essaie de conserver ce sentiment d’excitation et de méconnu.»

Tout ça en fait une œuvre qui s’écouterait particulièrement bien sur la route, se dit-on. Mais il n’y a pas de moment ou de lieu idéal pour en profiter, soutient le chanteur de 37 ans. «En réalité, j’écoute la plupart de nos compositions dans mes écouteurs, sur le chemin du retour après avoir amené ma fille à l’école. L’expérience de la musique est personnelle, ce n’est pas à moi de dire aux gens dans quel contexte la vivre.»

Son expérience de la musique à lui, il la partage sur la dansante Saturday Night, où les notes de piano jazz cubain côtoient les cuivres chaleureux et sa voix qui chante : «Tonight this music might just save my soul

«Chaque moment important de ma vie est habité par de la musique, c’est aussi simple que ça, dit-il. La musique a le pouvoir de canaliser tellement d’émotions.»

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