Lueurs d’espoir pour une culture qui avance en plein chaos
La pandémie aura incontestablement été désastreuse pour le secteur de la culture, mais quelques projets salutaires ont tout de même pu émerger. Coup de projecteur sur ces initiatives artistiques qui ont retenu l’attention de nos journalistes à la culture depuis l’année passée.
Réinventer les concerts
Privés de rencontre avec leur public, les musiciens se sont mis à rivaliser d’inventivité pour présenter leurs albums. On pense notamment au génial pianiste montréalais Chilly Gonzales, qui nous proposait un conte du temps des Fêtes inédit avec A Very Chilly Christmas Special. Pour cette performance filmée teintée d’humour et de classiques, il était entouré sur scène par d’excellents invités, dont Alison Wheeler, Feist ou encore Jarvis Cocker.
Fin 2020, c’était aussi le cas pour L’Amérique Pleure – Le Film, concert-évènement des Cowboys Fringants conçu comme un road movie québécois.
Plus récemment, Helena Deland nous offrait une version live en studio de son dernier disque Someone New. Près d’une heure d’un spectacle intimiste et dreamy – on est encore subjugués par Clown Neutral -où elle était pour l’occasion accompagnée de ses fidèles acolytes, comme Alexandre Larin et Ouri.
On attend aussi avec impatience le livestream de Marie Davidson & L’Œil Nu réalisé par le cinéaste Denis Côté. Celui-ci a imaginé le concert virtuel (diffusé à partir de jeudi) autour de Renegade Breakdown comme une «expérience de laboratoire»… Et puis le 19 mars, Emma Beko se produira en direct depuis l’Anti à Québec pour The BLUE experience, un spectacle-concept annoncé comme unique.
Un public élargi pour les festivals
Festival international du Film Black de Montréal, image+nation, Art Souterrain, Massimadi ou encore Ciné Vert: tous les représentants des festivals avec qui Métro a pu discuter depuis un an sont unanimes: la pandémie aura au moins eu ce côté positif de rejoindre le plus grand nombre avec des éditions quasi exclusivement en ligne.
Interdits de public, eux aussi, à la suite de la décision du gouvernement Legault de sacrifier la culture et de restreindre les rassemblements intérieurs à partir d’octobre, on se souvient que les festivals d’automne avaient fait preuve de résilience pour s’adapter aux nouvelles contraintes.
Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal ont ainsi battu leur record de vente de passes en 2020. Les festivaliers hors Montréal ont été jusqu’à 25% dans certaines de ses sections thématiques.
La culture québécoise au sommet
Entre deux fermetures des salles, le cinéma québécois a su tirer son épingle du jeu en 2020. Le secteur a en effet connu ses meilleurs chiffres depuis une dizaine d’années, avec des parts de marché qui ont bondi de 7,5% à 11,7%. Des résultats à observer toutefois à l’ombre d’un box-office qui s’est effondré de près 75% par rapport à 2019.
Des longs métrages comme La Déesse des mouches à feu (Anaïs Barbeau-Lavalette) Nadia, Butterfly (Pascal Plante), Mafia inc. (Podz) ou encore Mon cirque à moi (Miryam Bouchard) se sont distingués sur grand écran.
D’après la Banque de titres de langue française (BTLF), les ventes (celles au grand public et au milieu scolaire/bibliothèques) des librairies indépendantes du Québec ont connu une croissance de 5,2 %.
Les Québécois ont privilégié la littérature locale lors de cette année de pandémie. Parmi les succès de 2020 selon leslibraires.ca, on retrouve, entre autres, Ta mort à moi de David Goudreault, Ténèbre Paul Kawczak et La mariée de corail de Roxanne Bouchard.
Enfin, les téléspectateurs de Radio-Canada n’ont jamais été aussi nombreux derrière leur poste de télévision que le 31 décembre 2020. Le Bye Bye 2020 a réuni quelque 4 millions de personnes sur ICI TÉLÉ. Il s’agit d’un record d’audience pour l’émission phare de fin d’année.
L’humour et le théâtre se démarquent aussi
Alors que les salles de spectacles ne sont toujours pas autorisées à accueillir à nouveau leur public, les amateurs de théâtre ont pu reprendre goût aux pièces télédiffusées.
Samedi 6 février, Télé-Québec retransmettait en direct La Face cachée de la Lune de Robert Lepage. Celui-ci reprenait son rôle au côté – et pour la première fois – d’Yves Jacques dans une performance originale. Cela faisait 25 ans qu’un tel évènement télévisuel n’avait pas eu lieu…
Soulignons pour finir le travail d’Arnaud Soly, qui a pris d’assaut les médias sociaux pendant la pandémie pour nous redonner le sourire. Grâce à ses improvisations acclamées sur Instagram, l’humoriste est même nommé dans la catégorie Artiste COVID de l’année au Gala Les Olivier 2021.