Exclam : l’humour 3.0
Un nouvel événement d’humour apparaît dès aujourd’hui à Montréal : Exclam. Mais attention, dans une ville où l’industrie de l’humour occupe déjà une grande place, ce petit nouveau promet fort de se distinguer, garantissent ses cofondateurs, Chloée Coqterre Bernier et Grégoire Furrer.
L’événement, qui se tiendra du 17 au 20 mai à l’Espace St-Denis, se veut un «laboratoire d’expériences» dans lequel l’humour se mêle à différentes formes d’art en passant notamment «à travers le prisme de la technologie».
Le bon moment
Le Suisse Grégoire Furrer, un des plus importants producteurs du monde de l’humour en Europe, fondateur, entre autres, du Montreux Comedy Festival, a passé toute sa vie professionnelle à produire des spectacles aux quatre coins du globe. Il explique en entrevue avec Métro avoir toujours voulu lancer un festival à Montréal, depuis la première fois qu’il est venu visiter la ville il y a 33 ans. Mais l’occasion ne s’était jamais présentée puisqu’il n’y avait pas de besoin. Depuis des décennies, Montréal est une ville où l’humour est omniprésent et les festivals se multiplient. Ce n’était pas nécessaire de créer un autre événement… jusqu’à récemment.
Sa partenaire, la Québécoise Chloée Coqterre Bernier, lui a dit qu’elle sentait qu’il y avait enfin à Montréal un besoin de travailler l’humour différemment. Les humoristes lui disaient qu’ils et elles n’en pouvaient plus des galas traditionnels, avaient envie d’autre chose. C’est là que des idées se sont mises à germer chez elle.
Le bon public
« Montréal est une plateforme mûre sur le plan de l’humour. On pourrait essayer quelque chose d’autre. On travaille aussi en Afrique, où ils ont à peine les moyens de jouer, n’ont pas encore fait de gala, etc. On n’allait pas proposer quelque chose de nouveau là-bas, mais ici on peut parce qu’on est à une autre étape de maturation en l’humour », explique-t-elle.
Montréal était déjà avant-gardiste en humour il y a 30 ans, juge Grégoire Furrer. Comme il estime que le public montréalais est curieux et qu’il connaît bien le médium, l’homme d’affaires est sûr que le public sera prêt à embarquer dans cette aventure d’expérimentation et qu’il sera franc pour pouvoir dire ce qui fonctionne bien et moins bien.
Des spectacles novateurs
Pour sa première édition, le festival propose trois spectacles. Le premier, Pixel, animé par Richardson Zéphir, se déploie dans le métavers en utilisant la technologie des réalités virtuelles.
Dans le second, Boom Bap, animé par Rita Baga, les artistes, qui ne seront pas seulement des humoristes, vont raconter de vraies anecdotes tirées de leur propre vie sur un rythme musical accompagné d’un groupe qui jouera de divers instruments en direct sur scène.
Enfin, le troisième, Babel, animé par Mike Ward, veut dépasser les limites de la culture et de la langue, en invitant des artistes du monde entier à parler de leurs réalités, dans leur propre langue. Une excellente occasion pour ses cofondateurs de créer des « ponts culturels ».
Le début d’une aventure
Cette première édition de Exclam est pour ses cofondateurs comme un pilote, un point de départ à partir duquel se développer par la suite. Dans cinq ans, Grégoire Furrer voit l’événement comme l’un des plus gros noms mondiaux d’humour.
«Le festival n’est même pas encore commencé qu’on a déjà des demandes. Pour le spectacle Pixel, on a des demandes de festivals en Arabie saoudite et à Los Angeles », affirme-t-il.
Chloée Coqterre Bernier, qui vient du milieu du ballet classique, veut continuer « d’injecter de l’humour dans un maximum d’autres formes d’art ». Elle médite d’ailleurs déjà sur des idées pour l’inclure dans des projets « d’art plastique, de danse, de cirque ».