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Cab et Axelle Lenoir, grandes gagnantes des prix Bédélys 2023

Cab, Jessi et Axelle Lenoir avec leur trophée respectif à la main. Photo: Gracieuseté, Sébastien Lavallée

Les bédéistes Cab et Axelle Lenoir ont remporté jeudi les prix Bédélys Québec et Bédélys jeunesse Québec, respectivement pour Utown et le deuxième tome de Si on était, lors de la soirée d’ouverture du Festival BD de Montréal. 

Animé par la journaliste Marie-Louise Arsenault – qui est arrivée avec sa sacoche sur la scène du La Tulipe –, l’événement remettait pour une première année un Bédélys jeunesse Québec.  

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La créativité déjantée d’Axelle Lenoir 

Axelle Lenoir a été particulièrement surprise de partir avec le trophée conçu par l’artiste Karl Dupéré-Richer. En effet, la bédéiste était convaincue que sa collègue Geneviève Bigué allait remporter ce prix pour sa BD Parfois les lacs brûlent, puisqu’elle a raflé précédemment les Prix des libraires et Bédéis Causa.  

Publiée au départ sous forme d’épisodes dans le magazine Curium, puis aux éditions Front Froid, la série humoristique Si on était présente les aventures des deux meilleures amies du monde ever. Marie et Nathalie poursuivent leur jeu favori : s’imaginer ce qu’elles seraient si elles étaient un fruit, une guerrière viking, un robot géant… peu importe qui ou quoi, puisque leur imagination est sans limites. 

Axelle Lenoir a adoré cette expérience où elle a eu toute la liberté d’exprimer sa créativité débordante, mais la cadence des publications mensuelles était exténuante. L’autrice préfère donc se concentrer sur d’autres projets pour l’instant. 

« Surtout pour le deuxième tome, chaque épisode prenait son propre style. Ça n’a pas de prix d’être payée pour faire de l’expérimentation, mais c’est juste que j’ai viré en burn-out », a-t-elle confié à Métro après l’événement.

Pour sa BD, le jury a souligné sa créativité déjantée ainsi de sa volonté de traiter d’identité, ce qui n’est pas anodin pour l’autrice. 

« Je voulais montrer des ados qui vivaient hors des complexes et qui embrassaient la différence. Ce sont des ados qui sont un peu libérées de la pression sociale. T’sais, avec ma transition, j’ai réussi à faire ça à 40 ans », a expliqué l’autrice trans.    

L’année Cab 

Ça fait 20 ans que Cab porte le projet de Utown. Elle raconte dans cette BD les déboires d’un illustrateur dans la vingtaine, Samuel, qui préfère faire la fête plutôt que de peindre des toiles. Il recueille dans son logement – un atelier d’artiste – un jeune adolescent du nom d’Edwin qui craint de se retrouver en centre d’accueil. 

En toile de fond au récit, Samuel et ses voisins reçoivent un avis d’éviction, un événement qui s’inspire manifestement de la lutte menée par les locataires des lofts Moreau dans Hochelaga en 2013. 

Cab était elle aussi particulièrement heureuse de recevoir ce prix pour sa BD Utown, d’autant plus qu’elle est spécialement attachée au Festival BD de Montréal.  

« C’est le prix du festival de MA ville. C’est un événement que je fréquente depuis vraiment longtemps et que j’ai vu grandir. Il y a quelque chose de très symbolique de gagner un prix dans SON festival, même si ce n’est pas juste mon festival. » 

Ce n’est peut-être pas juste son festival, mais c’est du moins son année, puisque Cab a également conçu les affiches de l’édition 2023 de l’événement. 

Une « BD de fesses » 

Dans la catégorie de la BD indépendante francophone, c’est Déphasé/Phase Shift de Jessi qui a remporté le Bédélys. C’est la seconde fois que l’auteur remporte ce prix, comme il s’est amusé à le souligner lorsqu’il est allé chercher le trophée sur scène. 

« C’était pour Hi, Stranger qui était dans le même genre: une BD de fesses! » a précisé Jessi en rigolant. 

Dans Déphasé/Phase Shift, l’auteur raconte l’histoire d’un couple homosexuel qui habite ensemble. L’un des hommes vit de jour et l’autre de nuit, ce qui ne les empêche pas de trouver du temps pour « avoir du plaisir ». 

« J’ai vécu des relations où l’un se couche avant l’autre et tu as l’impression de ne pas vivre sur le même fuseau horaire », a raconté Jessi, qui a aussi expliqué que ce sont des personnages qu’il traîne avec lui « depuis des lunes ».  

« C’est une BD que j’ai faite en 30 jours », a ajouté celui qui l’a créée dans le cadre du Inktober, un défi lancé par Jake Parker en 2009 qui se déroule annuellement entre le 1ᵉʳ et le 31 octobre, l’objectif étant de produire un dessin par jour. 

Les auteur.trice.s susmentionné.e.s seront au Festival BD de Montréal dès aujourd’hui afin de rencontrer le public et dédicacer leurs bandes dessinées. 

Les autres œuvres gagnantes sont : 

  • Bédélys étranger : Peau de Mieke Versyp et Sabien Clement 
  • Bédélys jeunesse (hors Québec) : L’espace d’un instant de Niki Smith 
  • Bédélys indépendant anglophone : Lost Virtue #0 d’ART or DIE  

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