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Téléréalité au Québec: 20 ans d’amour-haine

La téléréalité fête ses 20 ans au Québec!
La téléréalité fête ses 20 ans au Québec! Photo: Métro

Pignon sur rue avait planté une première graine à Télé-Québec en 1995. Les succès monstres de Mixmania (2002) et Star Académie (hiver 2003) ont laissé planer que le genre s’installerait peut-être pour longtemps, au même titre que l’engouement démesuré pour Occupation double et Loft Story, qui croisaient le fer pour la première fois à l’automne 2003.   

Depuis, loin de s’estomper, la passion des Québécois.e.s pour la téléréalité ne s’est jamais démentie. Comme ailleurs dans le monde, le genre a grandi, évolué, s’est transformé. En cours de route, les 15 saisons d’Occupation double ont côtoyé 11 moutures des Chefs!, on a eu droit à une relecture actualisée de Star Académie près de 15 ans après la victoire d’un certain Wilfred LeBouthillier, nos vedettes se sont colletaillées à Big Brother Célébrités, un pendant québécois de Survivor est en préparation, et on s’est permis des incursions dans l’univers des personnes transgenres (Je suis trans), des embaumeurs (Les croque-morts), des propriétaires de zoo (Un zoo pas comme les autres), d’une famille nombreuse (La famille Groulx)… pour ne nommer que ces projets! Oh, et n’oublions pas quelques «perles» négligées à la Célibataires et nus…  

Claudia Bouvette a été révélée lors de la deuxième saison de Mixmania. en 2011
Courtoisie Bell Média

Qu’est-ce qui a changé depuis 20 ans dans nos téléréalités? Comment les réseaux sociaux influencent-ils le jeu? La téléréalité d’aujourd’hui représente-t-elle bien les valeurs sociales de 2022?  

Métro en a discuté avec cinq acteur.trice.s clés de la production de téléréalités au Québec, des expert.e.s dans leur domaine, qui «mangent» des twists et de la stratégie au déjeuner!  

Nos intervenant.e.s  

Benoît Clermont, président, Productions Déferlantes. Il a travaillé sur cinq éditions d’Occupation double (à TVA), Star Académie en 2009 et 2012, toutes les éditions de La Voix et La Voix Junior, La relève, XOXO et L’île de l’amour.  

Nancy Charest, productrice exécutive, Productions Déferlantes. Elle a travaillé sur les premières années de Star Académie et Occupation double, a démarré Les Chefs!, L’amour est dans le pré et L’île de l’amour et a contribué à plusieurs autres concepts d’émissions de variétés.  

Valérie Dalpé, productrice au contenu, Productions J. Dans le passé, comme recherchiste, idéatrice ou productrice, elle a travaillé sur 12 saisons d’Occupation double, incluant celle qui s’en vient à l’automne (en Martinique!), La Voix, La Voix Junior, Star Académie, La série Montréal-Québec et a cocréé, avec Jean-Martin Bisson, le format de Vol 920, qui a été vendu à l’international. Elle planche présentement sur le pendant québécois de Survivor, dont Bell Média a acquis les droits. 

Jean-Martin Bisson, producteur associé, Groupe Entourage. Depuis 17 ans, il a été co-idéateur sur quatre saisons de Loft Story (il écrivait des «twists» pour le Maître du loft!), a participé aux six dernières éditions d’Occupation double à TVA et a cocréé Vol 920 avec Valérie Dalpé. Il a écrit les galas du cinquième Star Académie (2012) avec Stéphane Laporte et Julie Snyder et a été producteur au contenu de Big Brother Célébrités et Chefs de bois.  

Simon Sachel, concepteur et réalisateur pigiste. Figurent à son curriculum vitae plusieurs opus d’Occupation double et Star Académie, Un zoo pas comme les autres, L’appartement, 5 gars pour moi, Célibataires et nus ainsi que la franchise À boutte de Canal Vie (mères, célibataires, couples).  Il a créé les concepts de Beachclub, Barmaids, 281 : Les Dieux de la scène, Les Kult et œuvré sur plusieurs autres productions.  

Comment la téléréalité a-t-elle évolué depuis deux décennies au Québec? 

Simon Sachel : « Il y a eu une grande ouverture il y a six ou sept ans. La téléréalité est passée de jeu d’élimination à docu-réalité. On a un peu copié-collé le modèle qui existait depuis 20 ans aux États-Unis, avec The Osbournes ou The Real World. Je vais être franc, c’est moi qui ai forcé cette brèche-là, avec 281 : Les Dieux de la scène, en 2014. Quand je présentais le concept, on me demandait qui allait partir à la fin de la semaine. Et j’expliquais que, non, personne n’allait partir. La docu-réalité, c’est de créer des personnages auxquels on s’attache, et de les suivre dans leur quotidien. Des fois, c’est «arrangé avec le gars des vues», et d’autres fois, c’est pas mal vrai. C’est ça, la force. Maintenant, l’univers de la téléréalité est rempli de docu-réalités. Ce n’est plus juste un jeu d’éliminations, de talents ou de séduction; on suit un groupe d’amis, d’individus, de professionnels… »

Valérie Dalpé: « Au début, je pense qu’on était attirés par la curiosité, la nouveauté. Les gens étaient curieux de voir vivre d’autres personnes. Maintenant, on fait tellement de contenu sur différentes plateformes : on montre les coulisses, les candidats se révèlent sur les réseaux sociaux et ils savent dans quoi ils s’embarquent. On démystifie comment on tourne les émissions, les gens sont conscients de la «main invisible» de la production. Alors, on est rendus à essayer de surprendre et de déstabiliser. Le téléspectateur est de plus en plus habitué à regarder des émissions de téléréalité, et aime lui aussi se faire surprendre. Le public est moins passif et plus impliqué. À Occupation double, la communauté est tellement réactive quand on fait un bon ou moins bon coup, et nous, on adore, parce qu’on apprend de ça. Le rapport entre le public et la production a beaucoup changé. »

Jean-Martin Bisson:   « L’évolution réside dans le type d’histoires qu’on raconte. Au début de la téléréalité, on était beaucoup dans l’amour – avec des gens qui avaient la prétention d’être vrais et qui cherchaient l’âme sœur dans un contexte artificiel – et la recherche de talents. Aujourd’hui, on est dans une ère de game sociale. Il y a un côté plus intellectuel, comme à Big Brother, Survivor ou même Chefs de bois. Les gens voient le côté intellectuel d’une stratégie. La culture du jeu commence à s’installer et à être acceptée. Les gens font de plus en plus la différence entre un candidat de téléréalité dans un jeu et sa véritable personnalité. Au Québec, on aime les personnes vraies, et le jeu a longtemps revêtu un aspect plus mesquin ou méchant. Maintenant, on comprend l’intelligence d’un bon jeu. »

Benoît Clermont :  « Pour les téléréalités propres à la musique, beaucoup d’éléments ont changé entre les premiers Star Académie et La Voix et les éditions actuelles. L’écoute de la musique a changé énormément. Quand Star Académie est née en 2003, on écoutait la musique par des moyens traditionnels, à la radio, on achetait des albums physiques. Souvent, les participants de téléréalités voulaient chanter des pièces entendues sur les ondes commerciales. Aujourd’hui, l’écoute est éclatée et se fait sur les plateformes. Les œuvres connues des 35 ans et plus, à peu près, ne sont souvent même pas connues des plus jeunes. « 

« Aussi, auparavant, arriver à Star Académie et gagner un contrat de disque, c’était extraordinaire; c’était la seule façon de faire connaître sa musique. Aujourd’hui, quand on leur parle d’un contrat de disque, ils sont contents, mais la majorité ont déjà fait des EP dans leur salon, diffusent sur YouTube, certains sont déjà sur Spotify… Cette accessibilité au métier fait en sorte qu’ils voient leur participation à une téléréalité non pas comme le début de leur carrière, mais comme un pas dans la construction de celle-ci. C’est simplement une étape de plus dans leur promotion personnelle, qui est déjà commencée. »

Benoit Clermont, de Productions Déferlantes
Courtoisie Productions Déferlantes

Qu’est-ce qui a changé dans l’encadrement des participant.e.s, qui deviennent encore des vedettes du jour au lendemain en prenant part à une téléréalité? 

Valérie Dalpé :  « Les candidats qui s’embarquent là-dedans doivent maintenant être conscients que l’aventure ne se limite plus aux maisons, et qu’elle continue après sur les réseaux sociaux. Ils ne sont pas obligés de continuer à vivre dans l’œil du public. Plusieurs font le choix de continuer leur vie en restant discrets, mais je pense que, quand tu t’inscris dans ce genre d’émissions, il faut que ça vienne avec une réflexion. Sur Occupation double, on a réalisé qu’il y avait un besoin de gérer les participants et de les encadrer, parce que c’est tellement gros et imprévisible… »

Benoît Clermont : « Dans les datings shows ou les émissions musicales, l’encadrement des participants se fait avec beaucoup plus d’expérience qu’en 2002 ou 2003. En termes de musique, on se souvient que les premiers Star Académie créaient de la controverse, parce qu’on sortait leurs dispositions contractuelles dans les journaux, par exemple. Ce qui n’arrive plus maintenant. Tout le monde s’est adapté à une façon de faire. »

« Le marché de la musique a changé. Tout le monde entre dans l’aventure les yeux grands ouverts, est bien accompagné pendant et après l’émission. L’encadrement psychologique qu’on leur apporte s’est peaufiné. Une expérience a été acquise, tant du côté des participants que de celui de la production. Et les participants, pour leur part, sont plus habitués aux réactions qu’ils génèrent. Ils ne sont plus les premiers à affronter les réseaux sociaux, par exemple. »

Valérie Dalpé, de Productions J
Courtoisie Productions J

De nouvelles valeurs de diversité et d’inclusion ont gagné en importance dans les dernières années dans la société et, par ricochet, à la télévision. Est-ce que ça complique le travail des concepteurs de téléréalités? 

Simon Sachel : « Pas vraiment, mais les gens changent. Les jeunes de 20 ans de maintenant n’ont rien à voir avec les barmaids d’il y a dix ans. Le monde a changé, et on évolue avec lui. Ils ne vont plus clubber et se saouler jusqu’à 3 h du matin; ils vont sur TikTok et font autre chose. C’est bien correct. Le monde évolue et change, avec la téléréalité. Mais le sentiment d’appartenance est toujours aussi fort. « 

« Le fait de vouloir être accepté demeure. Moi, j’ai toujours forcé et poussé la note, et ç’a toujours été important de rentrer dans la gorge du diffuseur qu’il y aura une barmaid lesbienne, qu’on va l’afficher et le dire. »

Valérie Dalpé :  « Nous, on veut représenter le plus possible le Québec d’aujourd’hui, qui est coloré, diversifié culturellement, sexuellement et corporellement. C’est aussi une question de personnalité. Par exemple, avec Khate [Lessard, d’Occupation double Afrique du Sud, en 2019, NDLR], on ne s’était pas dit qu’on voudrait avoir une femme trans dans l’émission. Elle est venue en audition d’elle-même, et on l’a trouvée extraordinaire. Femme trans ou pas, on ne met pas de l’avant des gens de la diversité juste pour avoir de la diversité. Ça prend quand même une personnalité colorée, flamboyante. Mais c’est important pour nous d’avoir des gens qui se démarquent et qui représentent bien les différences de cultures. »

« Quand Julie Munger a fait Occupation double chez nous [en 2020, NDLR], elle se disait qu’elle ouvrirait une porte aux filles plus rondes, qui voudraient aller dans ce genre d’émission-là. Ines [Lalouad], qui était Marocaine, et Stevens [Dorcelus], qui était Haïtien [à Occupation double dans l’Ouest, en 2021, NDLR], ont aussi ouvert une porte à la diversité. Et on ressent maintenant que les gens de la diversité s’inscrivent davantage. »

Benoît Clermont : « Je pense qu’on a toujours représenté le Québécois moyen. Et le Québécois moyen, depuis 20 ans, s’est diversifié. Donc, nos émissions sont plus diversifiées. »

« Aux premières éditions d’Occupation double, si on avait eu des candidats bisexuels, on aurait été un peu déstabilisés. Aujourd’hui, bof, ça fait partie de l’histoire et ce n’est pas grave. La diversité ethnique est beaucoup plus représentée qu’il y a 20 ans, parce que c’est aussi une réalité québécoise. »

« La façon dont les jeunes parlent a beaucoup changé. À chaque année, tout le monde a déjà déploré qu’ils ne parlaient pas si bien, mais la façon dont ils parlent a aussi évolué. On retrouve tout ça dans nos contenus. Et on a fait plus de place aux francophones hors Québec dans la téléréalité que dans n’importe quelle autre émission, qu’on pense à Wilfred LeBouthillier (2003), Jean-Marc Couture (2012), Éloi Cummings (2022) ou Olivier Bergeron (2022) à Star Académie. »

Simon Sachel, concepteur et réalisateur de publicités
Courtoisie Collection personnelle

Est-ce que les gens croient encore que la téléréalité est «arrangée», comme c’était beaucoup le cas au début? 

Benoît Clermont :  « Ça me fait toujours un peu rire, quand on dit que c’est arrangé. Comme si ça nous dérangeait, nous, qui va gagner…! Moi, comme producteur, qu’Audrey-Louise, Éloi ou Krystel gagne Star Académie, ça ne me dérange pas (rires)! Je serais même un peu idiot d’éliminer un candidat que les gens aiment. Et c’est pareil dans les émissions de dating. Cela dit, à Star Académie, est-ce que les choix des profs peuvent être discutés? Certainement. Est-ce que c’est arrangé? Non. C’est juste qu’ils doivent faire leur choix, eux aussi, en se basant sur des critères qui leur sont propres. »

Des controverses, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Mais ç’a diminué en importance. On vit dans un monde où il y a la guerre en Ukraine et la COVID-19. Est-ce que c’est tragique que Samuel ait été éliminé de L’île de l’amour (rires)? Peut-être qu’on a pris notre gaz égal et compris qu’en fin de compte, c’est un divertissement. 

Benoit Clermont, de Productions Déferlantes

Valérie Dalpé :  « Avec tous les contenus qu’on trouve maintenant sur les plateformes, je crois que les gens voient à quel point on est transparents. Le public nous fait confiance, parce qu’on lui montre les choses. Quand on fait des twists, c’est clair que c’est la production qui les amène. Il n’y a aucun script, et les gens l’ont compris avec le temps. Évidemment, on se garde de petits secrets, mais on en révèle quand même beaucoup, et les gens ont une écoute différente à cause de ça. »

Jean-Martin Bisson :  « Tous les joueurs sortis d’une téléréalité voient que la production est très objective dans ce qu’elle fait. C’est sûr qu’il y a toujours des scénarios et des stimuli qui sont créés, mais une crédibilité a été acquise par la plupart des téléréalités. Au début, on redoutait, parce qu’on se disait qu’à la télé, tout est arrangé. Mais on s’entend que ça demeure quand même un contexte artificiel, où il faut créer des enjeux dramatiques intéressants. Mais que les twists soient prévues avant ou pendant, il faut rester le plus objectif possible. Avec les candidats, la science et l’art, c’est tout laisser aller, le plus possible! »

Nancy Charest, de Productions Déferlantes
Courtoisie Productions Déferlantes

Est-ce que la téléréalité est encore snobée au Québec? 

Simon Sachel :  « Je n’ai pas eu beaucoup de succès critiques (rires). Mais j’ai eu beaucoup de succès populaires. Tout le monde cassait du sucre sur le dos de Barmaids, par exemple, mais on récoltait des cotes d’écoute que personne d’autre ne faisait, sur des chaînes spécialisées comme MusiquePlus. Et ça faisait suer bien du monde, puisque c’était un show populiste, un peu trash. Personnellement, je n’ai pas une très bonne réputation, mais ça ne m’a jamais vraiment dérangé. J’aime créer des univers différents, avec du nouveau monde chaque fois. »

Nancy Charest :  « Ça reste un genre populaire auprès du public, et ce qui est populaire est snobé par certains. Je peux dire que c’est un genre infiniment intéressant à produire et, chaque fois, on s’adresse à un public différent. Il y a aussi plein de gens qui l’écoutent et qui ne le disent pas (rires)! »

Valérie Dalpé :  « Je ne pense pas. Netflix a des séries comme Love is Blind ou Watch the Circle, Survivor, qui durent depuis 42 ans… On a fait une parodie d’Occupation double [OD relu et pas tant corrigé, diffusée l’automne dernier, NDLR], dans laquelle des Anne Dorval, Guylaine Tremblay, Catherine Brunet et Marc-André Grondin lisaient des extraits. Ces gens assument ouvertement qu’ils aiment OD. C’est devenu comme un phénomène de société, dans lequel on veut embarquer pour être dans la gang. Des fois, on le prend au deuxième ou au troisième degré, mais ça fait parler. Pour nous, Jay du Temple apporte une autre couleur, il amène ce deuxième degré. »

Jean-Martin Bisson, de Groupe Entourage
Courtoisie Groupe Entourage

Que pensez-vous des gens qui intellectualisent la téléréalité, qui en font des analyses savantes? 

Simon Sachel :  « On peut porter à la téléréalité bien des intentions plus grandes que celles qui existent vraiment. Je pense que les gens qui intellectualisent trop la téléréalité passent à côté du plaisir de ce que c’est réellement. »

« Dans les dernières années, c’est devenu populaire d’intellectualiser Occupation double, mais, dans les faits, c’est la même chose. On a mis quelqu’un de woke en avant, Jay du Temple, qui fait un super travail, qui est génial, et on a entré des nouveaux groupes, comme les transgenres, et alouette. »

Mais, ultimement, pour moi, c’est juste un travail de marketing. C’est du vernis. La vérité, c’est que c’est le même show. C’est toujours la même formule.

Simon Sachel, concepteur et réalisateur de téléréalités québécoises

Valérie Dalpé :  « J’adore ça! Il y a des professeurs qui regardent OD d’une façon anthropologique, ou sexologique par rapport à l’intimité… C’est une micro-société. Il existe des podcasts féministes qui analysent des épisodes d’OD, parfois d’un angle que, nous, on n’avait pas vu. Et c’est ce qui rend la chose intéressante. »

« La téléréalité, c’est une loupe sur les comportements des gens, et je trouve le fun que les gens s’y intéressent et qu’on essaie d’être dans l’air du temps. Qu’on soit en 2022, qu’on puisse parler de féminisme ou de masculinité positive à OD. »

Laurie Doucet, participante à Occupation double Californie. en 2012

Est-ce que le Québec est en retard sur le reste du monde en termes de téléréalité?  

Simon Sachel :  « Dès le début, on était en retard de 20 ans, au Québec, comparativement aux Américains. On aime se taper dans les mains, ici, en disant qu’on fait de la bonne production – et c’est vrai –, mais, dans ce genre-là, c’est dommage à dire, on est vraiment en retard. Et on l’est encore aujourd’hui. »

« Moi, je me suis promené avec le concept de 281 : Les Dieux de la scène sous le bras pendant trois ans. Personne n’en voulait, personne n’était intéressé. Je le présentais comme The Osbournes, comme des émissions de téléréalités qui dataient déjà de 20 ans, à cette époque. Personne ne comprenait. Ç’a fini par atterrir à MOI ET CIE , une chaîne qu’on croyait finie à ce moment-là, qui faisait 0,2 % de parts de marché. Et ç’a fait pow! Il y a eu ensuite 45 % d’augmentation de l’abonnement. »

Nancy Charest :  « Je ne pense pas. On arrive, avec les budgets qu’on a et notre petit marché, à livrer de la qualité. On suit la parade, et je nous trouve très innovateurs d’ainsi maximiser nos budgets et d’offrir ce qu’on offre aux téléspectateurs. Je pense qu’on peut être fiers de ce qu’on fait. Je ne suis pas gênée de notre version de L’île de l’amour, même en comparant avec la version américaine. »

Benoît Clermont :  « Il y a des choses qu’on ne fait pas encore beaucoup ici, comme des compétitions de drag-queen. Il n’y en a pas des tonnes, mais on n’a pas un bassin de 300 millions de téléspectateurs pour offrir des produits plus nichés qui deviendraient rentables. Mais on intègre ça différemment dans nos émissions. Non, je ne pense pas qu’on est en retard. On suit les formats qui sont les plus populaires et qui se font partout dans le monde. »

L’équipe de La Voix 2020 : L’animateur Charles Lafortune entouré des coachs Pierre Lapointe, Coeur de pirate, Marc Dupré et Garou
Courtoisie TVA et Productions Déferlantes

Quel est votre souhait pour l’avenir de la téléréalité au Québec? 

Simon Sachel :  « Je souhaite qu’on n’appelle plus ça des plaisirs coupables. C’est très judéo-chrétien. Pour moi, il y a juste des plaisirs, point. Aux États-Unis, on ne se pose pas de questions. La seule question qu’on devrait se poser, c’est : est-ce que c’est bon ou pas? On a le droit d’aimer le dernier film de Xavier Dolan et triper sur Occupation double. On peut manger une poutine une journée, et du crabe le lendemain! Arrêtons de nous donner des coups de fouet dans le dos, ça ne donne rien. Prenons-le pour ce que c’est, un bon divertissement, drôle, bien fait, devant lequel on met la switch à off. On est fiers quand on fait de bonnes fictions? Soyons fiers quand on fait de bonnes téléréalités! Ici, ce sont les mêmes techniciens que Tout le monde en parle qui ont travaillé sur Barmaids! »

Jean-Martin Bisson :  « On est en train de rattraper un grand retard dans le jeu et, personnellement, je souhaite qu’on continue sur cette lancée-là. Le jeu n’existe pas dans la vie, et permet plus de créativité. Je souhaite que les concepteurs et les diffuseurs embarquent dans des univers encore plus éclatés. »

Nancy Charest :  « C’est bien de mettre des métiers de l’avant. Je pense à L’amour est dans le pré, qui a permis de découvrir la réalité des fermiers, ou Les Chefs!, où les gens ont constaté les difficultés du métier, qui demande beaucoup d’expertise. Je trouve que ce genre d’émissions est très valorisant pour les gens qui travaillent dans l’ombre. »

Benoît Clermont :  « On pourrait peut-être créer ici davantage de formats qu’on exporterait. On en a tellement fait que je pense qu’on est rendus à l’étape de prendre des risques et d’essayer de développer des choses qu’on pourra exporter. Je nous le souhaite pour l’avenir. Qu’on devienne des fournisseurs de formats à l’international, et non seulement des consommateurs de formats. Mais il faut avoir le temps de le faire et la possibilité de faire des essais. »

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