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Vos cossins en bambou sont-il vraiment verts? 

De la brosse à dents aux ustensiles, depuis quelques années le bambou s’est imposé sur le marché des objets zéro déchets ou écoresponsables. Photo: iStock

De la brosse à dents aux ustensiles, depuis quelques années le bambou s’est imposé sur le marché des objets zéro déchet ou écoresponsables. Mais est-il toujours vraiment l’option la plus écolo? Métro a investigué. 

Tout d’abord, si le bambou est considéré comme un matériau écologique, c’est parce qu’il s’agit d’un végétal qui pousse extrêmement vite. On peut donc le cultiver rapidement et en plus il capte le CO2 durant sa croissance. Une fois son utilisation terminée, le bambou peut aller au compost de la même manière que l’on jetterait une simple branche de bois. 

Il ne faut cependant pas acheter n’importe quel bidule en bambou sans se poser de question et en se disant que c’est automatiquement un choix vert. Il y a quelques trucs à vérifier avant de passer à la caisse.  

Ne pas acheter pour acheter 

De un, et c’est la question la plus importante à se poser pour quiconque veut être écolo, en a-t-on vraiment besoin? Car rappelons que même si le bambou est cultivé de manière écologique, il faut le faire venir ici, au Canada, généralement depuis l’Asie, et ce transport n’est pas sans conséquence pour l’environnement.  

Il faut aussi s’interroger sur le cycle de vie du produit et voir ce qu’il remplace. «Si j’ai un produit en bambou qui a une courte durée de vie que j’aurais pu remplacer par quelque chose qui n’est pas en bambou, mais qui est réutilisable et dure plus longtemps, je suis mieux de privilégier la seconde option», indique Andréanne Laurin, cofondatrice des épiceries écologiques zéro déchet LOCO.  

Par exemple, il existe des brosses à dents dont on ne change que la tête et on garde toujours le même manche. «La partie à remplacer est beaucoup plus petite, c’est donc mieux que de remplacer une brosse à dents au complet, même si elle est en bambou», propose Aurore Courtieux-Boinot, spécialiste en gestion des matières résiduelles. 

Choisir les bonnes marques 

Contrairement à l’image qu’elles peuvent se donner, toutes les entreprises qui font des produits en bambou ne sont pas automatiquement écolos. Par exemple, «c’est possible d’avoir une culture de bambou pas écologique avec plein de pesticide», rappelle Andréanne Laurin. Pour elle, il est donc important de regarder qui fait le produit et comment il est fait. 

À cette fin, les épiceries LOCO font affaire avec l’entreprise OLA Bamboo, qui fabrique des brosses à dents et des cotons-tiges, entièrement constitués de bambou. Leurs produits sont fabriqués à Drummondville à partir de lanières de bambou transformées à la scie et à la sableuse.  

Vraiment compostables? 

Pour être compostable, un produit doit être fait entièrement de bambou. À cet égard, les poils des brosses à dents OLA sont en nylon, donc non compostables. Il faut donc casser la tête et la mettre à la poubelle si on veut pouvoir mettre le reste du manche au compost – une précision indiquée sur l’emballage.  

Jean-Philippe Bergeron, président d’OLA Bamboo, explique d’ailleurs qu’il existe d’autres types de produits en bambou, comme des tables ou des comptoirs, dont les différents morceaux peuvent avoir été assemblés avec de la colle. Et s’il y a colle, le produit n’est plus à 100% fait de bambou; bye-bye le compost.  

Il avertit également qu’il existe d’autres sous-produits de bambou qui ne comprennent qu’une petite partie de fibre de bambou mélangée à du plastique. L’objectif est «d’utiliser le terme bambou parce qu’il est tendance», ce que Jean-Philippe Bergeron qualifie de greenwashing. Ce sont souvent des objets de vaisselle dits «en bambou» qui sont «aussi écolos qu’une assiette de plastique normale puisque dès qu’on intègre du plastique dans le mélange, l’effet positif du bambou disparaît», selon lui. 

Heureusement, on peut facilement distinguer les deux types de produits: «Si la texture ressemble à du bois, c’est probablement compostable. Si ça ressemble à du plastique, ce ne le sera pas», explique Jean-Philippe Bergeron. 

Faire mieux 

Même si le bambou a ses défauts, «les entreprises qui se sont lancées dans le bambou avaient les intentions à la bonne place», croit Aurore Courtieux-Boinot. «Elles sont maintenant dans un processus pour mieux comprendre le cycle écologique des produits et trouver des alternatives encore plus intéressantes comme les retailles de bois local.» 

À cet égard, OLA Bamboo s’apprête à lancer une brosse à dents en érable en pharmacie dans les prochaines semaines. «L’érable n’a pas voyagé la moitié de la terre pour venir ici», lance Jean-Philippe Bergeron. En l’occurrence, les brosses à dents seront fabriquées à partir des retailles de bois d’une usine de guitares située à Richmond en Estrie pour un produit 100% québécois. Fini les ambiguïtés du bambou. 

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