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«Le resto d’après»: penser le milieu autrement

Francis Blais et Camilo Lapointe-Nascimento, du service de commande Menu Extra. Photo: Gracieuseté Picbois Productions

Entre les pertes d’emploi et l’incertitude des fermetures et réouvertures constantes, l’impact de la pandémie sur le milieu de la restauration a généralement été dépeint comme cauchemardesque. Mais les chamboulements de cette période ont eu un impact positif sur la vie de certain.e.s restaurateur.rice.s. La websérie documentaire Le resto d’après, diffusée sur Mordu, s’intéresse à leur histoire. 

Dans les six épisodes d’une vingtaine de minutes chacun, le réalisateur Bruno Florin va à la rencontre de divers.es restaurateur.rice.s dont le mode de vie a évidemment été bouleversé par la pandémie, mais qui ont su tirer leur épingle du jeu en repensant entièrement leur rapport à leur métier.  

Ces gens en sont venus à implanter des solutions qui ont amené un équilibre plus sain dans leur vie. Eux qui souvent ne vivaient que pour leur métier, qui étaient contraints de faire de grands sacrifices, notamment au détriment de leurs relations, sont maintenant plus heureux et épanouis dans leur travail qu’ils ne l’étaient avant la crise.  

Minh Phat Tu, chef du Mui Mui.

Leurs témoignages sont souvent touchants grâce à la facture très humaine du documentaire. En raison de ressources limitées, le réalisateur était habituellement seul avec eux lors des rencontres, ce qui a permis, à son avis, de créer un grand sentiment de proximité et d’intimité. Et c’est ce qu’il cherchait. « Ce milieu a des histoires à raconter au-delà de simples recettes », fait-il valoir en entrevue avec Métro

Des alternatives multiples 

Des chefs propriétaires, comme Minh Phat Tu, du Mui Mui, et Simon Mathys, du Mastard, autrefois constamment débordés, ont décidé d’avoir des horaires réduits pour se donner plus de temps, se découvrir d’autres passe-temps et s’occuper de leurs familles.  

D’autres, comme Francis Blais et Camilo Lapointe-Nascimento, du service de commande Menu Extra, ou Anita Feng, de l’épicerie J’ai Feng, ont déconstruit leur idée de ce qu’est un travail dans la restauration pour ouvrir autre chose qu’un restaurant classique.  

Anita Feng de l’épicerie J’ai Feng

Enfin le temps de réfléchir 

« La pandémie a été une importante occasion pour plusieurs de faire une remise en question, ce qui fait écho à la réalité de plein d’autres gens qui ne travaillent pas en restauration », explique Bruno Florin.  

Francis Blais, chef de Menu Extra, croit que ces remises en question permettront la création d’environnements de travail plus durables et plus réfléchis qui mèneront à une gastronomie également plus réfléchie et durable. 

« L’industrie s’est tapée dessus pendant tellement longtemps pour tout donner à sa clientèle qu’elle s’est oubliée un peu là-dedans. On prend soin du monde, mais prenons soin de nous aussi », propose le chef, qui précise que prendre soin de soi pour un restaurant, c’est aussi bien s’occuper de ses employés, les payer convenablement et leur offrir des horaires de travail décents. 

Avec cette série, le but de Bruno Florin est clair. Il n’aspire pas à dresser un portrait exhaustif et précis de ce qu’est la restauration en 2022. Il se concentre sur ce qui est sorti de positif des deux dernières années, « sur le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ». 

« C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai embarqué dans son projet, explique Francis Blais. Je voulais montrer ce qui en est sorti de beau. J’ai maintenant une entreprise que j’adore et dont je suis extrêmement fier. Je ne pense pas que j’aurais embarqué dans la série si c’était pour montrer le négatif. On a déjà assez parlé de ça. » 

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