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Un projet de logements sociaux pour la communauté sourde

L’ancienne Institution des sourdes-muettes de Montréal, sur la rue Saint-Denis. Photo: Dominic Gildener/Métro Média

Le Comité Logement du Plateau-Mont-Royal (CLPMR) et la Maison Ludivine Lachance veulent transformer une partie de l’ancienne Institution des sourdes-muettes en logements sociaux pour les gens de la communauté sourde. Le gouvernement provincial doit appuyer le projet financièrement afin de le rendre réalisable.

Le coût total des rénovations à y apporter avant de rendre les unités accessibles aux futurs locataires pourrait s’élever à environ 50 M$.

Alors que la crise du logement frappe Montréal de plein fouet, la communauté sourde de la ville, dont plusieurs membres possèdent un revenu faible, s’en voit durement touchée, souligne le directeur général du Centre de la communauté sourde du Montréal métropolitain, Gilles Read. La hausse importante du coût des loyers est un réel obstacle. De plus, lorsque les propriétaires constatent qu’une personne est sourde, ils lui refusent souvent l’accès à un logement.

«Un des problèmes majeurs, c’est l’accès au logement. En général, les membres de la communauté sourde ne peuvent pas se payer un logement supérieur», déplore M. Read.

Ce projet de logement social viendrait donc répondre à un besoin criant.

L’endroit idéal

Le bâtiment est situé au cœur du Plateau-Mont-Royal, près de l’intersection des rues Saint-Denis et Cherrier. Entre 80 et 90 unités y seraient rendues disponibles. Les membres de la communauté sourde pourraient y habiter seuls, avec leur famille ou encore leur partenaire.

Il s’agit d’un lieu précieux pour la communauté puisque c’est le seul établissement restant dans lequel les personnes sourdes se sont réunies pour apprendre dans le passé, partage M. Read.

Dans son projet de reconversion, le CLPMR compte seulement transformer une partie de l’ancienne Institution des sourdes-muettes en logements sociaux, soit la partie est. Il est important pour l’organisme de conserver la vocation patrimoniale de l’édifice. Le reste du site va ainsi demeurer dans le domaine social, public et communautaire. La Maison Ludivine Lachance le voit comme une façon de poursuivre l’histoire.

«Il pourrait y avoir des associations, des organismes à but non lucratif, des salles communes, etc. L’emplacement est parfait en plus», suggère M. Read.

Plus de temps à perdre

Le besoin de nouveaux logements sociaux dans l’arrondissement est le point principal qui est ressorti lors d’une assemblée publique organisée par le CLPMR en 2017. Celle-ci avait pour but de recueillir l’opinion des citoyens concernant l’avenir de l’édifice. Plusieurs personnes sourdes avaient participé à la discussion.

Par la suite, la Ville aurait dit au CLPMR vouloir faire l’acquisition de l’édifice pour aider à rendre le projet possible. Toutefois, une aide financière du gouvernement provincial était nécessaire. Depuis ce temps, les choses stagnent.

«On a relancé la ville à plusieurs reprises, mais on n’a pas eu de rencontres officielles depuis mars 2020», mentionne la coordonnatrice du CLPMR, Carole Boucher.

«On veut voir une entente entre la Ville et le gouvernement se conclure le plus rapidement possible. Cette période d’attente fait en sorte que le bâtiment se dégrade peu à peu puisque personne ne l’occupe», ajoute-t-elle.

Chaque logement destiné à une ou des personnes de la communauté sourde nécessite plusieurs adaptations. Par exemple, la sonnette d’entrée doit vibrer ou créer de la lumière plutôt que de faire du bruit. Ces types de détails rendraient donc plus coûteuses les rénovations.

«C’est un projet qui va nécessiter des millions, mais ça va en valoir la peine sur le long terme. C’est un investissement dans la communauté. Il faut y voir les avantages et les bénéfices», soutient M. Read.

Plus le projet est reporté, plus les dépenses reliées aux rénovations risquent d’augmenter. Voilà pourquoi il faut agir rapidement, déclare-t-il.

Le CLPMR s’est récemment vu décerner le prix François Saillant pour cette initiative par la Caisse d’économie solidaire et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Pour une deuxième année, ce prix récompense un organisme communautaire œuvrant dans l’amélioration des conditions d’habitation partout au Québec.

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