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Travailleuse de rue: par et pour les filles de Montréal-Nord

Vanessa Desprez
Vanessa Desprez est la seule femme travailleuse de rue à Montréal-Nord. Photo: Xavier Bourassa/Métro Média

Travailleuse de rue pour le Café-Jeunesse Multiculturel (CJM), Vanessa Desprez est d’abord et avant tout nord-montréalaise. Plus que quiconque, elle connaît la réalité des jeunes filles du quartier et, plus que quiconque, elle veut leur prouver que c’est possible de s’y épanouir.

Sur un banc public à quelques pas de l’espace communautaire du CJM, Vanessa est interpellée tour à tour par des citoyens visiblement heureux de l’apercevoir. Seule femme dans une petite équipe de trois travailleurs de rue responsables de tout l’arrondissement, son dévouement envers les jeunes filles fait écho auprès des citoyens.

«Il y a quelque chose que j’appelle le sentiment Montréal-Nord. Nous sommes marginalisés et devons composer avec un tas d’enjeux, mais aussi, il y a une solidarité, un sentiment d’appartenance propre à ici», affirme-t-elle.

Ce quartier, Vanessa en est le produit. Comme plusieurs autres jeunes filles, elle a côtoyé à l’adolescence des milieux à la fois hostiles et solidaires où la camaraderie se mélangeait aux relations toxiques. En pareil contexte, sa poursuite académique lui était apparue secondaire et avant d’obtenir son diplôme, elle avait tout laissé tomber.

Mais voilà que 10 ans plus tard, Vanessa s’apprête à recevoir une bourse du Cégep Marie-Victorin. Étincelantes, ses performances lui ont également valu une invitation à devenir porte-parole du programme de reconnaissance des acquis.

«Avant, l’appartenance à ma gang était plus importante que tout. Mais j’ai eu une prise de conscience quand le Café-Jeunesse m’a mise dans des situations où j’ai été valorisée, ou j’ai pris du leadership. C’est ce que je veux faire aujourd’hui».

Intervention

Depuis trois ans, Vanessa s’implique donc auprès des jeunes filles du quartier. Consciente que son histoire peut en inspirer d’autres, elle se rend notamment à la rencontre de celles-ci aux pauses-dîner des écoles secondaires Calixa-Lavallée et Henri-Bourassa.

Connue de plusieurs étudiantes, elle prend avantage de son réseau pour rejoindre un maximum de jeunes.

«Plusieurs me connaissent, certaines sont les sœurs, les cousines ou les amies de filles que j’ai moi-même côtoyées, je suis comme VIP là-bas. Des filles viennent directement me voir et j’utilise ça comme prétexte pour parler à d’autres».

Les filles, souligne-t-elle, sont souvent laissées à elles-mêmes lorsqu’elles se retrouvent devant des problèmes. Le seul fait de leur offrir une oreille ou un espace où elles peuvent échanger en toute liberté peu fait une grande différence.

«Une jeune trouvait qu’il manquait d’activités pour les filles et on lui a donné un gymnase et de l’équipement. Deux semaines plus tard, elle organisait des parties de soccer toute seule. Ça lui a permis de voir qu’elle était une leader».

Si 15 travailleurs de rue sont requis à Montréal-Nord d’après le Café-Jeunesse Multiculturel, seulement trois couvrent l’entièreté de l’arrondissement à l’heure actuelle. Selon Vanessa Desprez, les besoins sont plus criants que jamais.

«La dernière année, c’était très lourd pour eux. Leurs notes baissent, tout leur paraît comme une montagne. Je suis bonne, mais on ne peut pas faire de miracle».

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