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Violence conjugale : porter plainte… et après?

Dénoncer un conjoint violent peut sembler être une montagne insurmontable pour plusieurs victimes et l’isolement ainsi que l’emprise du conjoint ajoutent à ce sentiment.

« Il est très difficile de porter plainte contre quelqu’un qu’on aime. Il ne faut pas oublier qu’on parle de relations amoureuses et de familles », explique Jenny Charest du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).

Certaines personnes préparent d’ailleurs leur départ en cachant l’argent d’une course de taxi ou une valise chez une voisine. Avant de passer à l’acte, elles recueillent parfois des renseignements auprès d’organismes communautaires.

« Souvent par manque d’informations, les victimes ne posent pas de gestes. L’information est le pouvoir qui permet d’agir », affirme Mme Charest.

Engrenage de la violence

La violence conjugale existe rarement au début d’une relation et les victimes attendent souvent plusieurs événements avant de porter plainte.

Cette dynamique se développe généralement selon un cycle d’aller-retour entre l’agression et la lune de miel. Elle commence par une augmentation de la tension qui débouche sur des gestes brutaux. Ceux-ci ne sont toutefois pas toujours criminels, signale Mme Charest.

Après les épisodes violents, les agresseurs tentent souvent de s’excuser, de se justifier et parfois même de mettre le blâme sur leur conjoint.

« Ils vont dire : tu me connais, tu sais qu’il ne faut pas venir me chercher quand je suis fatigué comme ça. Ils expliquent souvent la violence comme une perte de contrôle alors que c’est une prise de contrôle sur l’autre », précise Mme Charest.

Comprendre ce cycle est donc la première étape pour le briser.

Porter plainte

Puisqu’il est très difficile pour les victimes de porter plainte, ce sont de plus en plus souvent des voisins qui contactent les policiers.

« Dans les dernières années, il y a eu beaucoup de sensibilisation qui faites et c’est important que les gens appellent. Il y a des situations où des femmes ont été tuées alors que des gens avaient entendu ses cris sans rien faire », déplore la directrice du CAVAC.

Certaines victimes développent même des codes avec leurs voisins raconte Mme Charest.

« J’ai déjà vu une femme qui avait convenu que si elle frappait trois fois sur le plancher, c’était le signal pour que sa voisine appelle à l’aide. Ça lui permettait de ne pas avoir l’odieux d’avoir contacté les policiers surtout que parfois, la victime n’a pas accès à un téléphone. »

Lors d’appel de détresse, les policiers sont les premiers à intervenir. Leur rôle est de sécuriser la victime et de prendre en charge l’agresseur. Ce sont eux qui rédigent la plainte criminelle et qui procèdent à l’arrestation du suspect.

« Le moment de la séparation est le moment le plus dangereux et c’est pour cela qu’il faut vraiment mettre en place des mesures de sécurité », précise Mme Charest.

Une fois qu’une plainte a été déposée à la police, la victime ne peut plus la retirer. Elle n’est donc plus responsable de son cheminement.

« Ça ne veut pas dire que le conjoint va automatiquement aller en prison, sauf que ça arrête la violence », assure Mme Charest.

En cas de brutalité conjugale, les agents demandent alors à la victime si elle veut l’aide du CAVAC. Si elle accepte, un intervenant la rencontre sur les lieux ou dans un endroit sécuritaire, comme le poste de police.

Et après…

Lorsque des enfants sont présents, ils sont aussi pris en charge par d’autres spécialistes du CAVAC. Ceux-ci peuvent généralement rester avec leur parent victime, selon Mme Charest.

« La Direction de la protection de la jeunesse considère que des enfants qui ont été témoins sont également des victimes. Ils ont donc aussi besoin de soutien. Mais, puisque la victime a assuré sa sécurité et celle de ses enfants en portant plainte, elle ne devrait pas craindre de perdre la garde de ses enfants », soutient Mme Charest.

Lorsque les policiers font appel à eux, les intervenants restent souvent plusieurs heures avec les victimes.

« L’intervenante vient pour soutenir la victime. Elle va sur les lieux pour répondre à toutes les questions. Quand on vient d’appeler la police, c’est un gros événement », admet Mme Charest.

Les intervenantes ont aussi comme fonction d’orienter les victimes vers d’autres organismes en fonction de leurs besoins.

« On offre une aide technique. On ne fait pas de thérapie, mais on accompagne les gens avec tout ce qui est formulaire, notamment pour faire une demande d’indemnisation à long terme », explique Mme Charest.

Le CAVAC aide également à préparer les victimes au processus judiciaire.

« On peut même aller à la cour avec les gens. Dans certains cas, les intervenantes assistent la victime jusqu’à la fin du processus judiciaire. Il n’y a pas de limite de temps et les gens peuvent nous rappeler même après plusieurs années en cas de besoin », conclut la directrice du CAVAC.

Ressources

911 pour porter plainte au policier

1-800-363-9010 service 24/7 pour les victimes (SOS Violence conjugale)

514-645-9333 pour les victimes (CAVAC)

514-384-6296 pour les conjoints violents (Service d’aide aux conjoints)

Le CAVAC en chiffre

25 761 interventions.

1869 personnes rejointes grâce au référencement policier (augmentation de 20 %)

71 % de femmes.*

64 % est âgé de 18 à 44 ans.*

39 % pour des cas de voie de fait.*

(*Données de 2012-2013 pour les services courants et le Service d’intervention et de référencement policières.)

Avez-vous déjà vécu de la violence conjugale? Écrivez-moi à Simon.Bousquet-Richard@tc.tc (votre anonymat sera respecté)

Lire aussi:

Lutte à la violence conjugale

Pourquoi plus de cas à Montréal-Nord?

 

 

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