« Sanimax doit partir » de Rivière-des-Prairies
Le 24 juin, près d’une trentaine de camions remplis de carcasses d’animaux étaient en attente d’être vidés sur le site de l’entreprise Sanimax. L’odeur pestilentielle qui s’en dégageait a carrément ruiné la Fête nationale dans le quartier, selon des citoyens qui habitent à proximité de l’usine d’équarrissage.
« J’avais de la visite pour la Saint-Jean, j’étais dans l’embarras, on ne pouvait même pas s’asseoir dehors, l’odeur était tellement forte que j’avais envie de vomir », regrette Enzo Commisso, résident du quartier.
« C’était le pire jour depuis très longtemps ! J’ai l’impression que ça devient de pire en pire », renchérit Alyssa Brandone.
Caroline Bourgeois, mairesse de Rivière-des-Prairies confirme que 28 camions de l’entreprise étaient en attente sur le site pour déverser leur cargaison. Une situation « inacceptable ».
« La Saint-Jean a été gâchée par les odeurs », affirme-t-elle.
Selon Vincent Brossard, vice-président de Sanimax, cet événement est dû à des dysfonctionnements électriques ayant retardé le démarrage de l’usine lundi dernier. Cela provoquant l’accumulation de remorques.
Il affirme que l’entreprise est en train d’enquêter pour connaître les causes précises de cette panne pour que cela ne se reproduise plus, et reverra « l’automatisation et la programmation » de son entrée électrique.
« Le problème est nullement lié à ce que l’on a vécu l’été dernier, on a été en mesure de réparer et de produire normalement mais le mal avait été fait », regrette-t-il en qualifiant cet épisode d' »inacceptable et impardonnable ».
« Faites le nécessaire ou partez »
« Pourquoi cela n’est-il pas considéré comme un scandale? », se demande SOS Sanimax, un comité citoyen mobilisé depuis plusieurs années, dans un courriel envoyé entre autres à la mairesse Bourgeois, à la ministre Chantal Rouleau et au député Marc Tanguay.
« Nous pouvons facilement rassembler de nombreux citoyens pour protester, pour déclarer que Sanimax n’est plus le bienvenu dans notre communauté », prévient-il.
Pourtant, Sanimax a récemment promis des mesures concrètes pour contrer les évents nauséabonds, promettant un investissement de 5M$ et la création d’un comité de bon voisinage.
L’entreprise s’était même excusée pour l’été 2019, qualifié d’infernal par les citoyens riverains.
Pour Enzo Commisso, « le temps de parler est fini ».
« Je ne veux plus avoir de promesses, je veux qu’ils s’en aillent de notre quartier », martèle-t-il.
« On a été patients longtemps, ajoute Alyssa Brandone. [Les élus du territoire] devraient avoir une approche un peu plus agressive : « Faites le nécessaire ou partez ». »
Caroline Bourgeois, « tannée et exaspérée » des odeurs atroces, ne veut pas « qu’un sou des contribuables montréalais finance le déménagement de cette entreprise-là ».
« Je travaille avec les moyens à disposition, et on les prend complètement. Il y a beaucoup de gens qui travaillent, avocats, ingénieurs, inspecteurs… On travaille d’arrachepied », assure-t-elle.
Depuis 2015, indique la mairesse, plusieurs constats d’infraction ont été contestés par Sanimax. « On est encore devant les tribunaux, on attend des jugements, et pendant ce temps-là, la situation ne s’améliore pas. Mais on reste de bonne foi et on maintient la pression. »
Mais elle avoue avoir « peur de vivre le cauchemar de l’été passé ».
Enzo Commissio aussi, qui affirme avoir porté plainte une vingtaine de fois auprès du service environnement de la Ville de Montréal depuis la mi-mai.
Depuis 2017, plus de 450 plaintes pour mauvaises odeurs ont été déposées auprès de l’arrondissement via une ligne téléphonique dédiée.