Une église évangélique défie les règles sanitaires à Montréal
Devant une assemblée ne respectant pas les règles sanitaires en vigueur, un pasteur d’une église du nord-est de Montréal a enjoint ses fidèles à défier les normes gouvernementales. Pour l’occasion, il était accompagné de l’ex-policier complotiste de Laval, Maxime Ouimet.
Dans le prêche dominical à l’église Nouvelle Création, située à l’intersection du boulevard Pie-IX et de la rue Everett, le pasteur Carlos Norbal a dénoncé les mesures imposées par le gouvernement, jugeant qu’elles allaient à l’encontre des droits de la population. L’assemblée a été filmée et diffusée sur le compte Facebook de l’église.
«On a commencé la descente vers la tyrannie, où n’importe quelle loi peut s’inventer, et le peuple est appelé à se soumettre sans réfléchir. On est dans une passe dangereuse. Les droits qui nous sont pris ne seront jamais remis», a notamment lancé le pasteur.
Il a également invité ses fidèles à lire la charte des droits et libertés, dont les fondements seraient actuellement brimés, selon lui. Il a aussi ajouté que les croyants étaient «immunisés spirituellement» contre la maladie.
Pour appuyer ses dires, il comptait sur un invité d’honneur: l’ex-policier lavallois Maxime Ouimet, qui s’est fait connaître en raison de ses positions contre le port du masque et pour sa négation de la pandémie.
«Présentement, les policiers qui agissent encore sur le terrain pensent qu’ils sauvent des gens de la maladie. Ils ne réalisent pas que le COVID, c’est la raison pour un agenda politique», a-t-il entre autres clamé, invitant le public à s’informer par des moyens alternatifs.
Sur sa page Facebook, M. Ouimet s’est d’ailleurs vanté d’avoir pu faire son discours devant «plus d’une centaine de personnes rassemblés[sic]».
Sur la diffusion vidéo de l’assemblée, il est impossible compter avec certitude le nombre de personnes réunies dans le lieu de culte, mais ceux-ci semblent être plus nombreux que les 25 permis. La distanciation sociale et le port du masque n’y étaient visiblement pas respectés.
Ce n’est pas la première fois que cette église promeut un discours à l’encontre des règles sanitaires présentement en vigueur.
«Nous sommes pour le droit de questionner le gouvernement. Les mesures semblent incohérentes avec les faits et les données du corps médical», avait notamment affirmé le pasteur Norbal dans une vidéo publiée quelques semaines auparavant, dans laquelle il dénonçait la «prétendue pandémie».
Malgré plusieurs tentatives, il n’a pas été possible de joindre l’église Nouvelle Création ni le pasteur Carlos Norbal.
Des pasteurs dénoncent
Pasteur dans une autre église, Bertholi G. Gaspard se désole de la situation. Il rappelle toutefois qu’au sein du mouvement évangélique québécois, la majorité des églises adhèrent aux mesures gouvernementales.
«C’est dommage pour l’ensemble de la société, mais également pour l’église. C’est incompatible avec notre foi, juge-t-il. J’ai de la difficulté à comprendre ce genre d’opposition.»
Lui-même a fait le choix de fermer l’église La Mission, où il officie. Les prêches n’y sont accessibles qu’en ligne. M. Gaspard souligne que les autorités sont confrontées à une crise sans précédent, et qu’il en va de la responsabilité de chacun de suivre les directives.
«Il y a un consensus sur le fait que les mesures ralentissent la propagation du virus et sauvent des vies. Nous sommes appelés à aimer notre prochain comme nous même. Respecter les mesures est un moyen de pratiquer cela», explique-t-il.
À la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP), on indique qu’en zone rouge, les lieux de culte ont le droit d’avoir 25 personnes et doivent tenir un registre des présences. La DRSP ne souhaite cependant pas commenter ce cas précis, estimant qu’il est plutôt du ressort du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Au moment de mettre en ligne, il n’avait pas été possible d’avoir une réaction de ce dernier.
Du côté du SPVM, on invite les citoyens à faire preuve de civisme. «Les policiers privilégient une approche basée sur la prévention et la sensibilisation, mais des constats d’infraction seront émis si un contrevenant refuse de coopérer», indiquent par courriel les relations médias du Service.