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À quoi ressemblera le Montréal du futur?

Les Habitations Saint-Michel Nord
Survol des Habitations Saint-Michel Nord dans la websérie «Lignes de désir» Photo: Société de développement Angus

La toute nouvelle websérie documentaire Lignes de désir se penche sur un sujet rarement mis en lumière à l’écran au Québec: le développement urbain et durable à Montréal, inspiré notamment de réalisations dans Saint-Michel et Rosemont.  

Verdissement, logement, densification, abordabilité, etc.: la série décortique et vulgarise une foule d’enjeux, et ce, dans une perspective foncièrement humaniste, le titre poétique faisant référence aux trajets que l’on emprunte spontanément à pied et à vélo sans s’en tenir forcément aux voies «officielles» circonscrites par les structures. 

Alors qu’il est de plus en plus question, dans les médias notamment, de densification urbaine, de mixité sociale ou des répercussions des changements climatiques sur le territoire, Lignes de désir sort à point nommé. 

Christine Beaulieu
Scène de la websérie documentaire Lignes de désir. La comédienne Christine Beaulieu, qui demeure tout près du mont Royal, aime apprendre ses textes en déambulant dans le parc Jeanne-Mance. Photo : Société de développement Angus

Voix expertes et citoyennes  

Déclinée en trois épisodes — «Pour une ville citoyenne», «Entre villes et jardins» et «La ville de demain», Lignes de désir expose tant les points de vue d’expert.e.s en développement, comme des architectes, urbanistes et universitaires, que ceux de citoyen.ne.s (dont la comédienne et dramaturge Christine Beaulieu), qui témoignent avec authenticité de leur quartier.  

«On voulait les suivre, les sortir du cadre de l’entrevue classique, les suivre dans leur espace de vie, dans leurs lignes de désir», raconte en entrevue la réalisatrice Nadine Gomez, qui était sur le point d’accoucher lorsque la Société de développement Angus, l’entreprise d’économie sociale à l’origine du projet, le lui a confié. 

Nadine Gomez et Philippe David Gagné ont coréalisé la websérie Lignes de désir.
Nadine Gomez et Philippe David Gagné, photographié.e.s au Technopôle Angus, ont coréalisé la websérie Lignes de désir. Photo : Ulysse Lemerise, Société de développement Angus

Pour le mener à bien, la cinéaste des documentaires Le Horse Palace et Métro, qui sont respectivement consacrés à l’héritage citadin de Montréal et à son réseau souterrain, s’est entourée d’un ami réalisateur partageant sa passion de l’architecture et de l’urbanisme.  

Malgré leurs atomes crochus, Philippe David Gagné et elle n’avaient encore jamais travaillé ensemble. «On ne pouvait pas rêver d’une meilleure collaboration, ç’a été très joyeux», raconte le cofondateur de la maison de production La Boîte de pickup, sous le regard approbateur de son amie. 

Une année durant, le tandem a suivi les intervenant.e.s, captant de magnifiques images des Habitations Saint-Michel Nord, du parc Frédéric-Back, des fermes Lufa, du Technopôle Angus ou du parc Jeanne-Mance. Ces paysages changeant au gré des saisons ont constitué un résultat aussi heureux qu’inattendu.  

«C’est une conséquence positive des aléas d’une production qui s’étire, confie Philippe David, rieur. Ça donne un sentiment expansif. On a vécu avec la ville, ça a permis de montrer ses différents visages.» 

«Visuellement, ça te reconnecte à la ville. Ces perspectives en font vraiment comprendre les enjeux», poursuit Nadine, citant l’exemple de l’autoroute Métropolitaine, «cette grosse cicatrice urbaine». 

C’est une traverse très hostile, les femmes ont peur de passer en dessous. J’ai longtemps travaillé à l’ONF, et pour aller prendre l’autobus, il fallait passer en dessous. Le soir l’hiver, c’était terrorisant. Mais ça, ce n’est jamais nommé.

Nadine Gomez, coréalisatrice de la websérie Lignes de désir, au sujet de l’autoroute Métropolitaine

«Et on parle de développer le centre-ville, le Vieux, mais la 40, c’est là que les gens vivent, ça couvre des quartiers résidentiels. Je suis contente qu’on ait eu l’occasion d’en parler dans un documentaire», affirme-t-elle. 

La Cité Angus, dans Rosemont
Survol de la Cité Angus, dans Rosemont, dans la websérie Lignes de désir. Photo : Société de développement Angus

Vivant et accessible  

Selon le duo, l’une des plus grandes réussites de Lignes de désir est certainement d’avoir rendu vivant et accessible un sujet qui aurait pu être didactique ou platement informatif.  

«La ville, c’est complexe: il y a beaucoup de morceaux en mouvement. On voulait rester pertinents en étant intéressants sans être chiants, explique Philippe David. On voulait que ce soit beau et éviter la lourdeur. Que ceux qui s’intéressent à l’urbanisme s’y retrouvent ou y trouvent de nouvelles idées.» 

«C’est beaucoup de contenu, mais c’est organique et fluide», renchérit sa copilote.  

Devant la richesse du sujet, il est étonnant aux yeux des documentaristes de constater que l’urbanisme québécois a rarement fait l’objet de films en sa propre patrie. «Les enjeux de développement au Québec, un territoire aussi vaste pour une architecture vernaculaire aussi jeune, qui a beaucoup été détruite, tout ça n’est pas abordé. Ces réalités nous obsèdent, confie Nadine. Le lien avec le reste du territoire, toutes ces questions sont importantes.» 

«La région et la ville sont souvent mises en opposition, mais c’est une continuité», rebondit Philippe David, qui habite Chicoutimi. «Il n’y a pas de rupture à la sortie des ponts. Ce sont les mêmes humains qui habitent la ville et la campagne.» 

La douce influence de bébé  

Parlant d’humains, l’approche humaniste qui transparaît à l’écran est à l’image de l’ambiance chaleureuse ayant régné tout au long du tournage — à laquelle le poupon de Nadine a certainement contribué. «Un bébé, ça brise le décorum, affirme la cinéaste. Les gens sont plus à l’aise, c’est plus humain.» 

«Presque personne n’aime avoir une caméra dans la face, lance Philippe David. Avec le bébé, ça fait sortir de l’idée qu’on est observé, d’une certaine rigidité. Notre producteur est même allé faire des tours de poussette!» 

«Je crois foncièrement que nos pratiques doivent être le reflet de ce qu’on défend, conclut Nadine Gomez. On a longtemps fait abstraction de ça, avec des films humanistes aux réalisateurs qui crient après leurs équipes. On ne veut pas vivre ça. On travaille avec beaucoup d’amour, d’empathie, d’écoute. Et c’est l’écho de ce qu’on voudrait voir dans la ville de demain.» 

Elle remporte haut la main le mot de la fin. 

La websérie Lignes de désir est offerte sur le site de la Société de développement Angus.  

Le projet Lignes de désir, de la Société de développement Angus, se décline en websérie et en épisodes en baladodiffusion. Image : Société de développement Angus

Balados en prime 

Outre la websérie, le projet Lignes de désir comprend un volet balados, offert sur la plateforme OHdio de Radio-Canada. Animés par la journaliste Karima Brikh et réalisés par Magnéto, les trois épisodes (Vivre en ville – Une petite histoire, Le développement responsable et Les voies d’avenir) se penchent sur l’histoire récente de Montréal et de ses banlieues, sur les tenants et aboutissants du développement responsable, puis sur les enjeux et défis liés à la ville de demain. Pourquoi ne pas se les mettre dans les oreilles en déambulant là où nous mènent nos lignes de désir? 
 
Si Lignes de désir attise votre intérêt, une autre série balado pourrait vous plaire: La ruée vers l’Est, de la Société de développement Angus, qui a connu un franc succès. 

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