Craig Buntin, celui qui met de l’IA dans le sport
Entre le patinage artistique et l’intelligence artificielle, il n’y a qu’un pas… ou plutôt un backflip vrillé grand écart dans les airs. Cinq ans après la fin de sa carrière d’athlète olympique, Craig Buntin a créé Sportlogiq, une technologie qui analyse les matchs sportifs dans les moindres détails grâce à l’intelligence artificielle. Entretien.
- Cofondateur et PDG de Sportlogiq
- Entreprise fondée en 2015 à Montréal
- 85 employés à temps plein à Montréal, Waterloo et Vancouver
Après avoir décidé d’arrêter votre carrière sportive en 2010, comment avez-vous su que vous vouliez vous lancer dans l’intelligence artificielle?
Ça s’est fait étape par étape. J’avais déjà lancé ma petite entreprise de café (Teabean White Coffee). Je savais que j’avais en moi cette envie d’être un entrepreneur; j’ai donc fait un MBA en business. Lors de mon dernier semestre, j’ai mené une étude indépendante sur les grandes tendances en affaires. L’IA était juste en train de décoller et je me suis dit qu’il y avait beaucoup à explorer.
Comment est né Sportlogiq?
En sortant de l’école, je souhaitais développer une technologie pour des véhicules autonomes. Pour la tester, on a d’abord utilisé des vidéos de la NFL. C’était idéal pour nos tests parce que les joueurs sont facilement identifiables et se déplacent sur un terrain marqué de lignes. On s’est alors rendu compte que notre technologie serait très utile pour le domaine du sport.
Comment ça marche et qui l’utilise?
Sportlogiq utilise l’intelligence artificielle pour observer les schémas de jeu des équipes sportives, les déplacements des joueurs, leurs interactions, etc. Les données récoltées permettent de formuler des analyses, de produire du contenu écrit et de faire des prédictions. Tout ça intéresse évidemment les équipes professionnelles, les ligues sportives, les entraîneurs, mais aussi de plus en plus les médias et l’industrie des paris sportifs.
D’autres entreprises font de l’analyse sportive; comment Sportlogiq se démarque-t-il?
On a deux types de compétiteurs, ceux qui font tout manuellement et ceux qui utilisent uniquement l’IA. Sportlogiq se situe exactement entre les deux. Oui, on utilise les technologies de l’IA, mais tout est supervisé par des humains et on pense toujours à nos clients quand on développe de nouvelles technologies.
Votre expérience d’athlète de haut niveau vous sert-elle en tant que PDG?
Il y a quelques années, je crois que j’aurais répondu que ça fait de moi quelqu’un de compétitif et discipliné. Avec un peu de recul, je crois que ce n’est pas tellement une affaire de discipline, mais plutôt d’engagement. Quand tu es athlète professionnel, tu donnes tout, sans savoir ce que tu vas remporter. Être à la fois engagé et réaliste, je pense que c’est important en tant qu’entrepreneur.
Pensez-vous que l’IA finira un jour par remplacer les journalistes?
Non, je ne crois pas, même si certaines entreprises affirment le contraire. Le sport est un vecteur d’émotion, c’est une passion. Je pense que l’IA va être de plus en plus efficace pour communiquer des informations, mais le sport, ce n’est pas juste des données brutes.
Pourquoi avoir choisi de vous installer à Montréal plutôt que dans l’Ouest, où vous avez grandi?
La première raison – et c’est celle qui m’a donné envie de venir à Montréal quand j’étais patineur –, c’est la culture, la mentalité et les gens. L’autre raison, c’est que Montréal est une des meilleures villes au monde pour l’IA. J’ai passé du temps à New York et dans la Silicon Valley, et ici on a parmi les meilleures technologies, les meilleurs talents, et on reçoit un soutien important du gouvernement.
Mark Cuban a investi dans Sportlogiq; qu’est-ce que ça représente pour vous?
C’est une drôle d’histoire. J’ai trouvé son adresse courriel sur un forum public et je lui ai écrit. J’étais dans le métro quand il m’a répondu «Dis-m’en plus sur cette technologie». C’était vraiment une surprise, mais depuis, il s’est impliqué activement. Une fois qu’il a embarqué, un certain nombre de grands investisseurs ont suivi. Ça a fait une grande différence pour nous.
C’est quoi la suite pour Sportlogiq?
On veut éventuellement se pencher sur d’autres sports, mais notre priorité, c’est de perfectionner nos technologies, d’améliorer nos modèles prédictifs et le contenu écrit qu’on produit.
Son conseil aux nouveaux entrepreneurs
Se concentrer sur ce qui compte le plus: les clients.
Un entrepreneur qui l’inspire
Elon Musk, parce qu’il réfléchit à de vraies problématiques et pose de vraies actions.
Son application préférée
Calm pour la méditation ou Strava et Map My Run pour le sport.