Oui, triper sur 5 gars comme à Occupation Double, c’est normal!
Occupation Double, c’est fait pour «papillonner». Et c’est ce qu’Audrey, candidate de l’édition 2021, avait bien l’intention de faire au début de l’aventure, en annonçant clairement qu’elle avait un œil sur cinq potentiels partenaires masculins. Hallelujah ! Il était temps qu’on entende ça.
La doctorante en sociologie qui se consacre aux études féministes à l’Université du Québec à Montréal Audrey Ghali-Lachapelle salue aussi l’intervention de la participante. Elle la qualifie même d’impressionnante.
«Moi je veux juste que les gens soient à l’aise de dire ce qu’ils désirent et ce dont ils ont envie. Si des gens s’identifient à elle, ça peut rendre plus acceptable ce genre de comportements», précise Mme Ghali-Lachapelle.
Comme l’anti slut-shaming gagne en popularité au sein du mouvement féminisme depuis les années 2000, ça amènerait plus de femmes à assumer leurs désirs et leurs sexualités, constate Annie Cloutier, docteure en sociologie enseignant au Cégep Garneau et au Campus Notre-Dame de Foy.
L’experte est persuadée que la production d’Occupation Double est consciente de ces changements sociétaux et que ça se reflète dans leur choix de candidats.
«En dehors du fait que la série me semble très conservatrice dans son format, il y a réel un souci d’avoir des personnes qui incarnent la diversité de la société actuellement», commente-t-elle.
Encore du progrès à faire pour le désir féminin
Avant que le désir féminin et la sexualisation de la femme soient normalisés, il y a encore beaucoup de chemin à faire, pense Mme Ghali-Lachapelle.
«Le désir de la femme est encore tabou et très peu discuté. Quand une femme dit [désirer plus qu’un partenaire à la fois], ça peut très certainement choquer et surprendre», remaque-t-elle.
Selon la sociologue, si ces préjugés quant à nos rôles de genre et sexuels sont aussi communs, c’est qu’ils sont ancrés en nous depuis des lustres. Ils proviendraient même d’un vieil héritage, de la galanterie à la française plus précisément, dont on peine à se départir malgré l’évolution idéologique occidentale.
«Les femmes ne doivent pas manifester leurs désirs, mais quand même être accessibles. On s’attend à ce qu’elles soient belles, gentilles et intelligentes, dit-elle. Ça vient de là l’idée qu’elles peuvent dire non, mais que ce soit considéré comme un oui.»
La pression pour former un couple traditionnel monogame dans un contexte compétitif motiverait d’autant plus le jugement envers ceux qui zieutent plus d’un candiat, ajoute Annie Cloutier.
Elle apporte cependant une petite nuance plutôt cocasse : «si une personne se met à embrasser plusieurs autres personnes, ça peut lui donner plus d’avantages de gagner le jeu et d’avoir un couple», rigole-t-elle.
Qu’on déclare le french à volonté cette année, mesdames! You go girls!