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Recevoir un cancer en cadeau

Photo: iStock

TÉMOIGNAGE – Un diagnostic de cancer, ça change une vie. Ça a transformé celle de Sophie Reis, 38 ans, à qui l’on a détecté un cancer du sein. Et avec son ouvrage Un cancer en cadeau, elle espère outiller les gens pour que ceux-ci puissent mieux traverser cette épreuve.  

Sophie Reis est cette femme de 38 ans accomplie, curieuse, ambitieuse, mère de famille, mais aussi cette femme sur huit qui a reçu un diagnostic de cancer du sein vorace qui a tout chamboulé.  

Celle qui s’ennuyait durant la pandémie a voulu clairer sa liste de rendez-vous médicaux, en quête de social. Surprise d’avoir rapidement eu un rendez-vous avec sa fidèle gynécologue, qui a habituellement une liste d’attente de plusieurs mois, Sophie comprend rapidement que la réceptionniste lui avait fixé un rendez-vous avec un collègue, par erreur. Sa gynécologue attitrée, voyant le dossier de Sophie sur la pile de son collègue, a alors décidé de reprendre sa patiente. Geste qui peut sembler banal, mais qui changera tout. 

Sur son chemin vers la porte de sortie après son examen avec sa gynéco, avec qui elle a une relation amicale, cette dernière lui demande comment elle va, en général. Sophie lui répond que ça va, malgré une douleur au haut du corps, due au télétravail, selon elle. Sa gynécologue lui répond spontanément qu’elle n’a jamais examiné ses seins, chose à laquelle elle devrait remédier. Sophie se recouche sur la table. Elle a les seins denses et fibrokystiques, comme beaucoup de femmes. Rien d’anormal. La gynéco lui recommande tout de même de passer une mammographie quand elle aura le temps, juste pour avoir une imagerie de référence dans le futur. Rendez-vous que Sophie prendra rapidement, ne sachant pas que ça lui sauverait la vie.  

«Pour me soulager du stress inévitable que toute femme vit pendant un examen, [le radiologue] me dit que tout est tout à fait normal, que mon sein gauche est en bonne santé et qu’il ira s’assurer de la même chose dans le sein droit. Ce qu’il fait. C’est fou, parce que même si je suis convaincue que je n’ai rien, à la vue de la sonde d’échographie dans les mains de ce spécialiste, je me sens si vulnérable que mes signes vitaux s’agitent. Soudainement, ses traits se durcissent. Il commence une prise de photos interminable. Je sens que quelque chose ne tourne pas rond. Silence. Il ne me dit plus rien. Il termine son examen et m’invite sans aucune explication à retourner dans la salle de mammographie. Il a besoin d’autres images.» 

L’autrice d’un guide pour les parents voyageurs apprendra le 4 décembre 2020 qu’elle a un cancer du sein à prendre en charge rapidement. En premier lieu apeurée, elle est rapidement tombée en mode journaliste: «Je n’étais plus une patiente, je suis devenue une participante», nous dit-elle. 

Celle qui dit «vivre, apprendre, comprendre et transmettre» a donc écrit 626 pages de contenu sur le cancer en neuf mois, en même temps qu’elle suivait ses traitements. Divisé en trois chapitres, son livre parle en premier lieu de son parcours, en toute vulnérabilité. Ensuite, on peut y lire tout ce qu’il y a à comprendre du cancer, que ce soit son lexique ou encore les différentes étapes et professionnels à rencontrer. Elle y indique également comment bien en parler ou accompagner ses proches qui en souffrent.  

L’ouvrage se conclut par des outils pour complémenter son traitement médical, de l’hypnose à l’accompagnement financier. Sophie Reis présente également le dispositif qui lui a permis de garder son diagnostic pour elle-même pendant douze mois: le casque réfrigérant, pour tenter de garder ses cheveux.  

«Moi, j’ai pris la décision de garder mon diagnostic pour moi-même pendant onze mois. C’est difficile parce que je suis extravertie, j’aime communiquer au plus grand nombre. Mais là, je sentais que j’avais besoin de me recentrer.»  

C’est un organisme de charité nommé Garde tes cheveux qui soutient et informe les patient.e.s qui veulent avoir recours à la technique, laquelle a été encensée par le CHUS dans un rapport publié en 2010. Comment fonctionne le casque réfrigérant? Il refroidit les follicules des cheveux, ce qui limite les toxines de chimiothérapie qui pourront les atteindre. Dans le rapport, on peut lire que «la moyenne pondérée des résultats de toutes les études indique ainsi que cette technologie permet à 63,5% des patients d’avoir une bonne conservation de leurs cheveux» tout en ayant «des effets secondaires considérés comme bénins». Dans le cas de Sophie, le processus a fonctionné et elle a pu garder sa crinière. 

D’ailleurs, certaines compagnies d’assurances le remboursent en partie et le gouvernement peut le considérer comme une dépense médicale.  

En parlant de son parcours, Sophie espère changer les paradigmes qui entourent le cancer: «Souvent, quand tu entends que quelqu’un a un cancer, tu penses tout de suite au fait qu’il va mourir. Une personne sur 34 va mourir d’un cancer du sein, mais il y en a 33 autres qui vont continuer à vivre. Ça peut aussi bien aller. C’est un message que je veux passer.»  

Sophie a d’ailleurs terminé ses traitements actifs depuis le 19 janvier 2022. Elle est en rémission depuis deux ans.

Pourquoi «un cancer en cadeau»? 

«À la base, un cancer, ce n’est pas un cadeau pour personne. Mais au fil de ce parcours-là, on se rend compte qu’il y a plusieurs pépites, plusieurs cadeaux. Ce sont souvent des gens qui parsèment notre expérience, qui la transforment, pour finalement que tu ailles en chercher du bon. Parce qu’un cancer, ce n’est pas juste du mauvais.»  

Un cancer en cadeau: apprendre, comprendre et s’outiller pour agir sera en librairie le 22 février prochain partout au Canada. 

Gracieuseté, Un cancer en cadeau

Pour suivre le journal intime numérique de Sophie, c’est ici.  

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