Le défi de concilier études travail et famille
Depuis plusieurs années, la conciliation famille-travail-études (CFTE) devient un véritable enjeu sociétal. Une part importante de la population étudiante au Québec doit composer avec des responsabilités parentales et familiales, en plus d’occuper un emploi. Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à l’École des sciences de l’administration de l’Université TÉLUQ, a étudié les mesures et initiatives des universités et des cégeps québécois visant à aider les étudiants à concilier famille, travail et études.
C’est à la demande du ministère de l’Enseignement supérieur que la professeure Tremblay s’est penchée sur l’offre aux parents étudiants pour les aider à arriver avec succès au terme de leurs études. Elle a constaté qu’il est plutôt difficile de chiffrer le nombre de parents-étudiants puisque peu d’établissements offrent de s’identifier en tant que tel à l’inscription.
«Environ 5% des universités et 26% des cégeps identifient le statut de parent étudiant. Mais ça ne veut pas nécessairement dire que des mesures vont avec ce statut-là», explique-t-elle.
Parmi les avantages parfois possibles, mais informels à obtenir dans certains cas, elle cite les reprises d’examen et les reports de date de remises de travaux. «À l’université Teluq, ce genre d’arrangement est plus formel puisque nos étudiants suivent des cours en ligne à distance. L’étudiant qui prolonge son cours ça ne change rien pour le professeur. Tandis que sur un campus, il est plus difficile de faire un arrangement avec le professeur.»
De bonnes pratiques à faire connaitre
Au Québec, la question de la conciliation travail famille se discute depuis une bonne quinzaine d’années. Plus que dans le Canada anglais et plus qu’en France, selon Mme Tremblay. «C’est quelque chose qui est assez fort dans le discours social. La dimension études étant pourtant clairement moins présente. L’idée ici est donc de faire connaitre les bonnes pratiques faites par certains établissements.»
Selon sa recherche, les mesures présentement en place à certains endroits sont: service de garde sur place (76% des établissements), offres d’aide financière, de bourses et de rabais spécifiques (39% des universités et 19% des cégeps), activités organisées entre les parents étudiants et offres de services à leur intention (44% des universités, 26% dans les cégeps), groupes de discussion et évènements, aide aux parents étudiants pour les nouveaux arrivants (rare, mais intéressant), stationnement prioritaire, aide alimentaire, dons de vêtements et banques de livres usagés.
Le statut de parent-étudiant gagnerait donc à être plus répandu puisqu’il donnerait à l’institution et au professeur, qui est face à une demande de délai par exemple, d’être confortés en sachant que la situation de l’étudiant est véritablement particulière.
«Si on regarde les données, les jeunes travaillent en même temps que leurs études. C’est un enjeu. Les mesures ont un impact sur le succès et la poursuite des études.»
Comme la tendance est à la hausse, On peut se demander si ces mesures sont suffisantes. «Il faudrait qu’il y ait plus de sensibilisation, mais en même temps c’est difficile de reporter sur les établissements d’enseignement toute la responsabilité. Les employeurs doivent aussi faire leur part et avec la pénurie de main-d’œuvre actuelle, ils n’ont pas tellement le choix de s’assouplir. En fait, ce qui est dommage et problématique, c’est que les employeurs vont faire un effort lorsque le travail de l’employé est jugé très satisfaisant. Du coup, il peut y avoir un peu d’arbitraire. Il faut aussi que l’élève se questionne sur sa réelle disponibilité pour ses études. Beaucoup ne font qu’un cours ou deux par session pour arriver à tout coordonner. Bref, tout le monde a intérêt à faire évoluer les compétences des québécois dans le contexte de pénurie de main-d’oeuvre.»
En plus du rapport, trois balados informatifs qui traitent des difficultés rencontrées par les parents étudiants sont offerts sur https://cfte.teluq.ca/.
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