Claudia Bouvette décolle (et pas à peu près…)
Claudia Bouvette «reprend son pouvoir de femme», comme elle le chantait dans une pièce de Mixmania 2 qui nous l’a révélée, il y a 11 ans. Évoquant un retour à la lumière après une période sombre et dévastatrice, son premier album, The Paradise Club, clame haut et fort que la jeune femme de 26 ans sait maintenant où elle s’en va.
Les pistes de ce Paradise Club, disponible aujourd’hui, relatent dans le désordre une courbe d’émotions que Claudia Bouvette condense en quelques mots.
«Du désir d’être aimée qui est quasiment malsain à toucher le fond, puis se cr*sser de tout, et finalement être prête à aller mieux…», énumère la chanteuse aujourd’hui sortie du marasme.
Doigt d’honneur
Attablée dans un parc du Mile End, non loin du planchodrome où elle vient de prendre la pose pour Métro, une Claudia Bouvette très relax se confie sans chichi. Sur son après-Big Brother «très intense» (elle se dit encore reconnaissante du prix du public reçu à la fin de la saison), sur cet album à tendance «dream pop alternative» (ainsi qu’elle définit son style, en ricanant) où sa voix résonne comme celle d’une Billie Eilish montréalaise, sur son parcours partagé entre chanson et jeu.
À mi-chemin entre la conciliante prise de parole et le doigt d’honneur brut, ce premier disque complet de Claudia Bouvette (après le EP My First EP, en 2019) représente surtout, aux yeux de sa créatrice, «l’empowerment». La reprise des rênes de sa propre vie après une traversée du désert.
«J’ai vécu une grande peine, raconte l’auteure-compositrice, sans en dire davantage sur la nature de ses tourments. Un moment très destructeur dans ma vie…»
Dans le synopsis de The Paradise Club, il est question d’amours déçus, de relations toxiques et autres turbulences du cœur. Cette tranche de son existence où elle a erré et souffert, survenue peu avant la pandémie, la doit-elle à une rupture amoureuse?
Celle à qui on a connu des idylles avec le comédien et réalisateur Lou-Pascal Tremblay, puis l’humoriste et animateur Jay Du Temple, refuse de nommer qui ou quoi que ce soit. Rieuse, elle ne baisse pas non plus les yeux quand on lui pose la question.
Je livre un album ultra-personnel, que j’assume et dont je suis contente de me libérer, mais je ne vais jamais name drop personne. C’est un petit secret qui m’appartient…
N’empêche, on perçoit entre les lignes que la virée en enfer n’a pas été aisée.
«Je me suis sentie perdre le contrôle de moi-même. J’ai perdu beaucoup de mon estime personnelle. Et, ça, c’est terrible! C’est grave. C’est la première fois que ça m’arrivait, de me sentir comme un petit pois, de ne pas avoir le contrôle, de constater que ça ne va pas, de ne pas avoir les outils pour me sortir la tête de l’eau.»
«Jusqu’à ce que, à un moment donné, je touche le fond du baril, et que je retrouve la force et la confiance pour me pardonner plein d’affaires, continue Claudia. J’ai vécu beaucoup de culpabilité, de m’être autorisée à aller dans ces zones de ma personne. À un moment donné, je me suis dit: “Vis-le, let’s go, ça ne va pas et c’est correct”. J’avais juste à être douce et patiente envers moi-même.»
«L’album se résume au fait que j’ai retrouvé ma lumière, mon identité et je suis good. Pour moi, c’est un empowerment, parce qu’on résout le problème et on avance…»
Paradise Club
De son voyage au bout de la nuit, Claudia Bouvette a retiré quelques enseignements qui, espère-t-elle, s’entendent sur The Paradise Club.
«L’importance de connaître sa valeur, de la reconnaître. Et, si on perd cette valeur de vue, c’est correct. Il faut juste se regrounder, revenir à son essence, se faire confiance et apprendre de ces expériences. J’ai longtemps regretté bien des affaires, que je ne regrette plus aujourd’hui. J’ai réalisé que je suis la personne que je suis, grâce à tout ça», détaille la grande nostalgique autoproclamée, qui dit «s’accrocher aux souvenirs».
Musicalement, on décèle un peu, sur The Paradise Club, des influences que Bouvette chérit depuis l’adolescence: Akon, Fergie et Gwen Stefani.
Elle décrit le texte de Douchebag comme un petit coup de gueule. Celui de I Lost My Keys & My Manners, comme une ode au je-m’en-foutisme. Quelques collaborations ponctuent l’ensemble, comme cette griffe de Les Louanges sur 1000 bornes et Miss Blumenfeld.
Sur cette carte de visite solo, Claudia s’exprime principalement en anglais, et ici et là en français, sur trois titres. Sur un interlude qui l’émeut particulièrement, on entend parler son adorable Mamie Lise, qui, régulièrement, lui «apprend la vie».
Je suis quelqu’un de super soft, sweet, dans la vie, mais la musique est pour moi une façon de me libérer de mes petits démons. De sortir le méchant!
«Feels Like a Dream!»
Dans son enfance, la petite Claudia Bouvette de Bromont était déjà très tournée vers la musique, une passion transmise par son père. Elle a appris les rudiments du violon – avant de constater qu’elle n’avait pas la patience d’apprivoiser la délicatesse de l’instrument –, a traversé le secondaire armée de sa flûte traversière et commencé à écrire vers l’âge de 16 ou 17 ans, après son passage à Mixmania.
Coïncidence, son ex-collègue «mixmaniaque» Jérémy Plante, avec qui elle s’était autrefois commise en duo sur la mignonne ballade Tant que l’on s’aime, participait lui aussi à une compétition télévisée cet hiver, Star Académie, alors qu’elle-même était confinée dans la maison de Big Brother Célébrités. Son «grand chum» du secondaire Édouard Lagacé a lui aussi été découvert du public dans les derniers mois à Star Académie.
Les souvenirs de Claudia de la téléréalité qui l’a fait connaître, en 2011?
«Feels Like A Dream, répond cette dernière, les yeux brillants. J’ai encore de la misère à comprendre que j’ai vécu ça à 15 ans. Je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui, si je n’étais pas passée par là. Ça m’a forgée et introduite au monde artistique. Ça m’a donné des ailes!»
Au sortir de l’émission, elle a tenté un premier projet musical qui a rapidement avorté. Elle n’en a pas été déçue. «Il n’y a rien qui arrive pour rien, dans la vie», siffle Claudia. Elle a alors saisi les occasions de jeu qui se présentaient à elle, dans 30 vies, Subito texto, Jérémie et, plus tard, Cerebrum, Toute la vie et La maison des folles. Encore aujourd’hui, elle ne dit pas non si un rôle alléchant lui est offert.
Ç’a occupé le cœur de mon temps pendant cinq ans. Je n’avais pas prévu devenir comédienne, mais je suis quelqu’un qui se laisse porter par ce que la vie amène.
En 2017, la rencontre de l’artiste avec le producteur et réalisateur Connor Seidel (aussi complice de Charlotte Cardin, des Sœurs Boulay, de Half Moon Run, et grand manitou de la compilation 1969, récemment sortie) a réorienté sa trajectoire et mené à son premier EP, My First EP (incluant l’extrait Cool It), lancé à l’été 2019.
Le goût de la musique revenu, Claudia a poursuivi sa collaboration avec Seidel, laquelle dérive aujourd’hui en un centre nommé The Paradise Club.
Claudia Bouvette sera en spectacle au Studio TD de Montréal le jeudi 2 juin et se produira dans plusieurs festivals au cours de l’été. L’album The Paradise Club est déjà disponible sur les plateformes numériques, en vinyle et en CD.